A 8 heures du matin, nous faisons route vers la baie d'Halong. Il y a évidemment des riziẻres ả perte de vue, et, plus étrange, des tombes au milieu des rizières et des vendeuses de pain en bord de route.
A mesure que nous progressons, nous croisons aussi d'affreuses usines thermiques. Il y a aussi des mines de charbon ả ciel ouvert.
7 heures de route aller-retour laissent plus de temps qu’il n’en faut pour apprécier la conduite locale. Quelques principes simples la gouverne, en l’absence de règles.
1 - Il faut toujours garder à l’esprit le mépris de sa propre sécurité et de celle d’autrui. Le piéton n'existe pas.
2 - Regarder derrière n’a aucun sens. Chacun ses problèmes.
3 - Ceux qui arrivent en face ne sont pas prioritaires ou dignes d’intérêt. Ils vont se pousser au dernier moment.
4 - Ralentir est par construction une perte de temps. Ceux qui vous précédent vont trop lentement. Klaxonnez.
5 - Une manœuvre dangereuse est toujours préférable à une manœuvre qui est plus lente.
Une fois qu'on sait cela, la vie devient plus facile.
Une fois arrivés au port, nous attendons que notre bateau débarque les passagers précédents. Les premiers ilots de la baie ne sont pas loin du port et on pourrait les apercevoir. Malheureusement, il y a une nuée de bateaux qui fait écran.
Une fois les passagers embarqués, c'est la course pour sortir le premier. Au final, tout le monde prend la même route.
Sur la route, nous dépassons les célẻbres "Ilots des poulets qui se battent", qui sont l'emblẻme de la baie.
Plus loin, au près des roches, on pourrait apercevoir les ilots s’il n’y avait pas une nuée de bateaux qui faisait écran!
Nous avons une discussion animée sur le programme. Celui-ci inclut une baignade et nous pesons le contre et le contre. Il y a la température de l'eau, la pollution, le soir qui va tomber au même moment, ... Cette petite discussion est vite terminée lorsque nous apercevons 2 belles méduses passer le bateau. De long tentacules gluants ả souhait!
La pollution aurait pu être un argument suffisant. Nous passons des nappes de déchets, et leur fréquence augmente.
Nous croisons quelques villages de pécheurs et nous faisons une note mentale pour ne pas prendre de poisson ce soir au repas.
Le premier arrêt est pour la grotte dite de la surprise. Il faut faire la queue pour y accéder. A l’intérieur, c’est surprenant! Très moche en fait car des lumières colorées en rajoutent trop et certaines concrétions ont été lessivées. La grotte serait sinon assez belle, énorme, alternant cascades et colonnes, plafonds en pointes de meringues blanches, verts et rouges.
Il y a dans cette grotte de nombreuses poubelles en forme de pingouins. Ils pensent peut-être qu'il y en a aussi dans l’eau pour ramasser les ordures? Cela expliquerait pourquoi ils passent tout par dessus bord.
Nous refaisons un peu de route. Louis joue ả cache-cache pendant que Théo essaye désespérément de finir Harry Potter 5 avant de le rendre ả Paul.
Les bateaux se rassemblent, les vendeurs approchent, les couleurs se réchauffent.
Le soleil va se coucher et c’est le moment d’aller faire l’activité kayak. Louis monte dedans, se mouille les fesses dans l’eau froide et ressort du kayak. Voilà une activité rondement menée! Je pars donc avec Théo vers la grotte du tunnel ou « baignoire des fées ». C’est une sorte de petit lac intérieur auquel on accède en passant sous la roche. Il y règne un silence très agréable, jusqu’à l’arrivée d’un groupe de chinois.
Je ramène ensuite Théo au bateau puis le guide me conseille de pousser plus loin car la vue est plus belle. Me voilà donc reparti à la pagaie. Je dépasse quelques rochers et je tombe dans le chenal principal de la baie. Devant moi, super-tankers, transporteurs de charbon, …, le guide serait-il un poil sarcastique ou dois-je admirer le développement économique en marche? « Toi tanker, moi kayak, toi passer le premier!».
Je passe par une petite arche en râpant le kayak pour justifier le côté aventure de mon expédition et je prends quelques photos de coucher de soleil.
Après une petite douche, le repas est servi et c’est l’avalanche de protéines: poisson frit, poulet frit, porc frit, poulet aux légumes, frites, et enfin, pour finir, riz blanc et légumes frits. Pas de beignets en dessert heureusement.
Au matin, nous ne sommes même pas réveillés par le bruit du moteur parce qu’en fait ils ne l’ont pas arrêté de toute la nuit. Le diesel, c’est comme les ronflements, cela ne gêne que ceux qui ont le sommeil léger.
Une montée en haut de l’île Titop à 7 heures pour voir la vue et se mettre en forme. C’est peut-être d’ici que la baie est la plus belle (en excursion organisée) parce qu’on peut oublier les bateaux et voir à distance. Nous sommes une demi-douzaine là-haut, le temps est frais et le calme règne (si on opère un subtil barrage mental aux cris de nos enfants). Nous observons les rapaces prendre les courants chauds et poursuivre les hirondelles. La brume se lẻve petit ả petit. Lors de la descente, nous croisons en revanche nombre de personnes qui montent.
Aujourd’hui il fait couvert, plus frais et l’ambiance est plus propice à la contemplation du paysage. C’est peut-être aussi parce que nous venons de débarquer les 3/4 des passagers qui partent pour Cat Ba. Le bateau retrouve son calme, seuls les cannettes de bière et les cendriers pleins qui jonchent le pont rappellent leur brève présence. Le temps brumeux se prête à l’imagination de pirates cachés derrière les rochers. Les barques qui passent ont plus de légẻreté.
Le retour se fait à faible allure et malgré le nombre de jonques qui tiennent le cap du port sur des rails parallèles, la traversée est agréable. Les enfants font un peu d’école, Théo dévore le tome 5 d’Harry Potter, pendant que Louis descend au canon tous les autres bateaux pirates.
Ensuite, c'est le débarquement, un resto immonde et les 3 heures de route du retour.
Bon, il y a des fois oủ la magie n'opẻre pas. Pour nous, il a été trẻs difficile de passer outre la pollution de la baie qui gallope. Parfois, nous avons l'impression de faire le tour du monde des poubelles touristiques et cela nous donne mauvaise conscience de voyager.
La baie est superbe, c'est clair, mais l'expérience n'a pas été grandiose. Pour nous, cette fois, en tous cas.