Pour notre dernière semaine, nous amorçons la remontée de la Namibie en poursuivant la descente. Nous tournons vers le Sud, vers Hobas, point d’entrée nord du canyon creusée par le rivière Fish depuis des lustres. Le canyon est le deuxième plus grand du monde après « le Grand Cayon US ». Il mesure 160 kms de longueur, 27 kms dans sa partie la plus large et sa profondeur atteint 550 m. Cela ne vous dit rien, moins non plus. Il faut aller voir pour … le voir.
La route qui descend vers Hobas est assez mauvaise et sans grand intérêt. Les plateaux disparaissent rapidement et ne sont remplacés que par de la plaine caillouteuse dans laquelle fleurissent les trains et les autruches.
Comme nous avons le temps, nous nous arrêtons pour la journée sur la route dans un camp dédié à la vieille mécanique, ce qui permet aux enfants de se défouler sans heurts.
Le camp possède aussi une connexion internet tellement lente qu’ouvrir un mail lui est souvent impossible. Et moi qui fondais tous mes espoirs sur cette connexion inespérée pour publier mon retard de blog! C’est encore raté. Une après-midi pour publier 2 textes sans photos! J’en profite quand même pour recharger toutes les batteries, de PC, d’appareils photos, iPod, et autres, car nous avons été privés d’électricité depuis plusieurs jours.
Et puis, on en profite pour glander, quoi! Enfin, pour faire des lessives, l’école, l’installation, le feu, etc, et puis pour glander 5 minutes. Notre corps s’est mis au diapason du paysage que nous avons traversé. Notre peau est tellement sèche que les craqûres font saigner toutes les phalanges et les bouts de doigts. Nos mains ne sont que des plaies. Il nous faut crémer les enfants sur tout le corps car des coupures apparaissent un peu partout, du fait du froid. Jamais je n’aurai cru que cela nous arriverait en Afrique!
Le lendemain matin, force est de constater que le vent et le froid n’ont plu à personne! Tout le monde est de mauvaise humeur. Quand nous arrivons au Fish river Canyon, personne n’a vraiment envie de se balader. Le chemin est rocailleux, le canyon si grand que tu as beau marcher une heure, la vue ne change pas.
Que montre la photo? Qu’on a tous des têtes pas possibles et qu’il faut qu’on se reprenne!
Pour tout dire, le paysage ne nous plait pas plus que cela, et au lieu de passer une seconde nuit ici, nous décidons de changer de région pour changer de paysage.
Nous remontons donc la route jusque Keetmanshoop, une petite ville de passage pour les Sud-Africains qui remonte la Namibie.
Voilà encore une ville bizarre, où le lieu le plus vivant est le débit de boissons. Les abords du supermarché n’ont pas l’air tranquilles et je reste dans la voiture pendant les petites courses. Dans les 30 minutes suivantes, des gars vont à plusieurs reprises essayer d’ouvrir les différentes portes de la voiture en m’occupant par ailleurs. Nous quittons donc vite cette bourgade et allons nous installer dans un camp qui jouxte une forêt de Quiver tree ou Kokerboom.
Ce n’est pas un arbre mais une plante aloé en fait. Et son écorce et ses branches robustes en ont fait le meilleur matériau pour la fabrication des carquois des flèches des tribus Bushmens et Hotentots.
La plante ne fleurit qu’à l’âge de 20 à 30 ans et tous les spécimens de la forêt ont plus de 200 ans.
Comme il leur faut de gros rochers noirs et rouges pour ancrer leurs racines et garder la chaleur, la forêt est un super terrain de jeux pour les enfants. On rencontre en plus des centaines de marmottes pas farouches. L’après-midi se finit mieux que n’a commencé la journée.
Le lendemain matin, après le jeu dans les kokerbooms, les enfants vont poursuivre l’escalade dans un lieu appelé Giants’ playground, un lieu insolite jonché de milliers de pierres pareilles à des petits cubes qu’utiliseraient des géants pour jouer.
Nous poussons ensuite quelques kilomètres de plus pour nous installer dans un petit camp parsemé de kokerbooms. Les enfants repartent en chasse pour l’après-midi.
Nous rencontrons là un gars super sympa, chargé de gérer le camp. Nous sympathisons avec lui et passons notre temps à discuter. C’est un Nama, la tribu qui s’installa la première dans le Sud, et il parle un des dialectes Khoisan qui ressemble au San des Bushmens (celui de « Les Dieux sont tombés sur la tête »). Pendant que je tente d’apprendre les rudiments et la prononciation des 4 cliks de base, il apprend le Français. Il est clairement plus doué que moi pour les langues.
Les quelques heures avec lui font du bien et la conversation est instructive.
Nous le quittons le lendemain pour pénétrer dans le Kalahari, vers l’Est. Le Kalahari s’étend sur le Botswana, l’Afrique du Sud et la Namibie. Il existe une réserve qui traverse les 2 premiers, mais en Namibie, rien de cela. Pas de site particulier, pas de parc, le désert. Les dunes rouges sont présentes, elles courent sur un axe Sud-est / Nord-ouest, parallèles, pas très hautes, en vagues recouvertes par la végétation. Elles sont presque invisibles en fait. Nous roulons sur une centaine de kilomètres pour essayer de trouver un endroit où nous arrêter puis partons faire une promenade pour surprendre les animaux.
Nous voyons quelques Kudus et Springboks mais les dunes sont discrètes.
Le soir à 18 heures, la température est passée en-dessous de zéro et va descendre très basse pendant la nuit. Impossible de dormir, même avec tous les vêtements que nous gardons.
Le lendemain, nous cherchons un endroit d’où nous pourrions partir explorer les dunes et nous reposer, mais les 2 établissements que nous trouvons affichent complet. Ce sont des établissements haut de gamme et il semble que le Kalahari fournisse le cadre pour les étapes de charme. C’est un cadre, un paysage sur quelques centaines de mètres de dunes découvertes, pas vraiment un endroit vivant.
Nous remontons donc vers Windhoek, bien plus que prévu initialement car nous avions prévu de rester dans le Kalahari. Nous aboutissons à Rehoboth, à 80 kms de Windhoek, dans un camping au bord d’un lac.
Belles installations, et en prime, un accès internet.
En quelques heures, Louis va trouver le moyen de s’ouvrir profondément le genou, puis de s’enfoncer une longue épine dans le dos (les buissons sont dangereux ici), et enfin de s’en planter assez dans la main droite pour la faire enfler.
La nuit est encore plus froide que la précédente, la fraîcheur du lac gommant la chaleur dès 16 heures. C’est la nuit de trop et au matin, Virginie ne peut pas se lever. Mal à la gorge, à la tête, au dos, …
Comme ce camping possède aussi des chalets au bord du lac, je range les affaires et nous partons nous installer, pour 5 fois le prix du camping, dans un chalet de luxe, 2 chambres, 3 salles de bains, tout équipé. Le temps d’installer Virginie dans une chambre avec un radiateur et les enfants devant un dessin animé, je pars faire les courses, reviens, laisse les phares allumés et vide la batterie. Une petite après-midi de lessive, rangement, baby-sitting, lavage de voiture, me prépare à la triste nouvelle que je découvre le soir, au moment où je pensais m’échapper pour aller sur internet.
Quelques balades nous permettent d’approcher à pied de zèbres, gnous, antilopes, Kudus, girafes, …
Le lendemain, Virginie ne peut toujours pas se lever, et coup de chance, le chalet est encore libre pour une journée. Bis repetita. Les enfants ne sont pas mécontents d’avoir leur chambre, la télé, de pouvoir jouer sur la terrasse, courir après les canes qui viennent sur la berge, de trouver des beaux cailloux, de les jeter sur les cormorans, …
Et pour tout dire, je ne pensais pas que dormir dans un lit, sous une couette, au chaud entre 4 murs serait une sensation aussi délicieuse. Pour un peu on s’habituerait.
Bon, avec tout cela, nos derniers jours en Namibie n’ont pas du tout été conformes au programme. Nous devions camper dans le désert du Kalahari mais on ne l’a pas vu. Nous devions faire un détour par une réserve intéressante mais on n’a pas pu. Le temps a filé et on a déroulé. Ce n’est pas l’apothéose mais c’est la fin quand même. Pour notre dernier jour, nous irons rendre la voiture, faire des emplettes de souvenirs, et nous préparer pour le vol Windhoek - Johannesburg, l’attente, puis le vol Johannesburg - Londres, puis l’attente, puis le vol Londres - Paris, puis … la joie de vous revoir tous!