Notre arrivée à Hanoi a été plutôt calme car nous avions négocié un taxi gratuit avec notre hôtel choisi le matin même. Pas de stress du taxi à la commission donc!
Notre chambre familiale dans le vieux Hanoi n’est pas mal, loin du bruit au 4ème côté cour (sans ascenseur si je peux rajouter un petit bémol).
Nous traînons un peu ce dimanche matin car nous n’avons que le temps de faire l’école avant notre rendez-vous avec la famille Cagnard. Les Cagnard de Hanoi, ce sont Stéphanie et Marc, entourés de Paul, Louis, Adrien et Alexandre. Ce sont les cousins de la famille Pelet de Léguevin (Claire et Christophe, Gabrielle, Louise et Mathilde, les amies de Théo et Louis) et ils nous ont gentiment proposé de passer les voir. Nous avons rendez-vous à la sortie de la messe des Rameaux à la Cathédrale d’Hanoi.
Bon, la cathédrale est un peu carrée à mon gout mais l’autel est assez joli.
La messe terminée, ce sont eux qui nous trouvent les premiers et ils nous invitent dans un restaurant vietnamien. La table déborde de plats de nouilles, de salades, de nems frais et cuits, etc. Il y a un bruit incroyable car le restaurant est immense. La nourriture est très bonne, sûrement la meilleure depuis notre arrivée au Vietnam. Pendant que les grands discutent de leur parcours, les jeunes font connaissance.
Ils nous proposent ensuite de venir passer l’après-midi chez eux, à l’ouest de Hanoi sur le lac Hô Tâi, dans le quartier des expatriés. C’est un quartier au calme, qui bénéficie de la vue et de l’air du lac, et de quelques magasins d’alimentation qui embellissent le quotidien. Sur la route, ils nous font une visite guidée des sites à passer voir les jours suivants: l’opéra, les musées, le mausolée, le palais du gouverneur, …
Je conseillerais aux âmes sensibles d’arrêter ici leur lecture car la suite est difficilement supportable, du bonheur qui dégouline, de la joie simple en abondance, bref cela peut choquer.
Leur belle maison est décorée avec les souvenirs qu’ils ont ramenés de leurs différents longs séjours en Russie puis au Brésil, ou des incartades déjà effectuées en Asie. Nos enfants sont au comble de l’excitation: une vraie maison avec des chambres, et même, sans blague, des copains et des jouets. Ils sautent de joie.
Ils daignent quand même descendre avaler des pâtisseries pendant que nous prenons un café, avant de filer de nouveau à l’étage.
Stéphanie et Marc nous racontent leur Vietnam, fait d’incompréhensions et de frustrations quotidiennes, d’étonnement permanent, de décalage difficile à combler. Le Vietnam, ou peut-être plus particulièrement Hanoi, vit à un rythme différent du nôtre, dans une dimension sûrement différente de la nôtre. Son ouverture très récente au monde (milieu des années 90) et son développement accéléré transforment Hanoi en une ville moyenâgeuse moderne. A nos yeux, les comportements, le rapport à l’hygiène, à la nature, aux autres, est déroutant. Les personnes d’Hanoi sont les moins souriantes que nous avons rencontrées, elles n’hésitent pas à nous hurler dessus en vietnamien, ne nous sourient jamais et nous ignorent la plupart du temps. Les enfants s'en réjouissent car ils ne se font plus tripoter! Stéphanie narre des anecdotes incroyables qui jalonnent ses journées, et quelques unes dont nous ferons aussi les frais plus tard.
Ils adorent la découverte, le piment de la nouveauté, et là, ils sont servis. Ils sont arrivés à Hanoi il y a un an et resterons encore 3-4 ans au Vietnam et ce n’est pas sûr qu’ils puissent jamais se sentir en phase avec Hanoi! Ils essaient quand même de toutes leurs forces!
Alexandre a très envie d’aller jouer au foot, il a rendez-vous avec ses copains. Nous partons donc tous faire une balade et laissons les enfants entamer le nième France-Vietnam, pendant que nous arpentons les bords du lac. Il fait beau, la balade est très agréable.
2 heures plus tard, les enfants jouent toujours au foot et quand nous passons en scooter avec Marc, ils sont trop occupés pour nous remarquer. Dans une épicerie, nous trouvons du Nutella et de l’emmental Président qui vont mettre du baume au cœur des enfants demain matin.
Mais la fête ne s’arrête pas tout de suite! Revenus de leur partie de foot, je douche les enfants et en profite pour leur couper les cheveux (raser les cheveux serait plus juste). Je ne pourrais pas faire de la concurrence à un tondeur de moutons néo-zélandais mais le résultat est … un résultat.
Nous sommes invités pour le dîner: des crêpes! Là, ça devient dangereux pour l’équilibre psychologique de nos enfants. Pas sûr qu’ils acceptent de quitter la famille et la maison, et pas sûr non plus qu’on se batte pour les obliger à le faire.
Malheureusement, le lendemain, c’est la rentrée des classes et Stéphanie a une semaine d’enfer, des cours à donner, le week-end pascal à préparer, … Il faut qu’on emmène nos enfants!
Ce fût une belle journée, comme une parenthèse dans le tour du monde, une bulle d’oxygène pour les enfants qui se languissent parfois de rentrer, et pour nous qui sommes toujours occupés par les enfants et le voyage.
Le lendemain est plus maussade, moins enivrant a priori. Il nous faut trouver une agence pour se rendre en baie d’Halong et nous laissons Théo à l’hôtel, plongé dans le tome 5 d’Harry Potter qu’il a emprunté hier à Paul.
Une fois notre escapade organisée, nous commençons à tourner dans le vieux Hanoi et ses célèbres 36 rues. Là, ça redevient intéressant. Cela absorbe toute la journée. C'est très fatiguant mais aussi très ébouriffant, une surprise à chaque coin de rue. C'est pénible et très attachant, ça ne peut pas laisser indifférent. C'est d'ailleurs la ville la plus intéressante que nous ayons visitée en Asie pour l'instant.
Ca grouille de monde, le bruit est incessant, c'est sale, c'est étouffant avec les gaz d'échappement, on se fait bousculer, haranguer, escroquer si l'on ne fait pas attention. Mais c'est tellement vivant que rien n'y fait, on s'y plaît. Nous aurions aimé visiter Hanoi il y a 10 ans quand il n'y avait que des vélos, cela devait avoir beaucoup de charme et le bruit devait être beaucoup plus supportable. Aujourd'hui, c'est la jungle des motos! C'est fumant, pétaradant, strident, mais finalement cela a aussi du charme.
C'est le royaume du commerce de proximité. Mieux, le commerce se déplace jusque chez vous. Les femmes qui transportent leurs paniers en balance à l'épaule vendent tout dans la rue, fruits et légumes, viandes et poissons, de portes en portes. Mais elles peuvent aussi faire la cuisine pour vous sur un brasero si cela vous dit. On mange sur le trottoir, sur des petits sièges en poussant les motos. On se fait une petite place sur les trottoirs bien chargés.
Quand on a de la chance, on peut trouver une rue calme et cela ressemble à cela.
Mais la plupart du temps, cela ressemble à cela.
Il ne faut même pas imaginer penser pouvoir utiliser les trottoirs pour marcher. Les trottoirs, cela sert à cuisiner, à manger dehors, à travailler, à se laver, à uriner, et quand il reste de la place, à garer les motos.
Pour se déplacer, il faut nager dans la marée des motos, se laisser porter par le courant, se laisser pousser, se couler dans le rythme, toujours en mouvement. C'est une danse, une salsa ou une samba peut-être, avec des coups de fesse pour se faire de la place. Pas de feux tricolores dignes d'intérêt, pas de sens unique ou de sens interdit, pas de priorités, juste le "pousse-toi que je passe!".
Les 36 rues, c'est avant tout un découpage par spécialités, un produit ou un artisanat, souvent identifié à un village du delta, mais avec le changement des besoins et quelques progrès, certaines ont disparu, les rues s'adaptent.
Mais on peut voir la rue des chaussures, celles des montres (avant c'était celle de la soie), celle des bijoux, celle des poissons grillés (quelques échoppes et restaurants), celle de la ficelle et des balances, celle des pots de peinture et des cas en chanvre, celle du sucre, celle des stèles funéraires.,.
Je vous mets là celle des bambous, celle des abats de porc, celle des jouets, celle des couches culottes, celle du papier où nous avons acheté un cerf-volant ...
Les boutiques identiques s'enchaînent. Il faut connaître ou y aller au hasard.
En tous cas, nous faisons tous des efforts pour nous fondre dans la population, même les doudous!
Demain, nous partons pour la baie d'Halong. Il devrait faire beau, nous avons choisi l'éclaircie après 2 semaines de pluie.
Merci à Claire et Christophe de nous avoir mis en contact avec Stéphanie et Marc, cela aura transformé notre séjour à Hanoi!