La petite ville de Hoi An se trouve à 35 kilomètres au sud de Da Nang, 3ème ville du pays, en plein centre du Vietnam. A l'aéroport règne un petit racket en règle, avec prix fixe des taxis à 18$ pour 30 minutes de route. La route permet de longer une des très belles baies du monde, malheureusement invisible derrière les chantiers d'immenses palaces en construction. Nous dépassons aussi la montagne de marbre.
Notre hôtel nous fournit un accueil glacial mais une belle grande chambre. La piscine aussi est glaciale et ça c’est un gros malheur! Finie la baignade avant l’Indonésie, il va faire trop froid maintenant.
Après un mauvais repas à l'hôtel, nous partons en ville. L'école, on l'a faite dans l'avion!
La ville est classée au patrimoine mondial de l'Unesco et revit depuis une quinzaine d'années seulement. Son héritage architectural, épargné pendant la guerre, a été rénové et attire maintenant une foule de touristes, enfin en saison.
Dès le Xième siècle, la ville est une étape pour les commerçants indiens, chinois, japonais puis portugais, français, anglais, hollandais venus acheter du thé, des épices, de la porcelaine, ... Pour échapper aux conditions climatiques difficiles et notamment à la mousson, certains s'installaient pour un temps et se faisaient construire de belles maisons. La plupart repartaient finalement. Lorsque la dynastie Ming fut renversée par les Mandchou, des mandarins, nobles et commerçants chinois vinrent se réfugier à Hoi An et s'y installèrent définitivement. On peut aujourd'hui visiter leurs maisons qui se sont transmises sur 7 générations et leurs maisons communautaires ainsi que leurs temples.
Parmi les marins portugais qui débarquèrent se trouvait Alexandre de Rhodes, un jésuite, qui séjourna 3 ans à Hoi An en 1625. Il apprit la langue rapidement et entreprit de la latiniser en inventant l'alphabet vietnamien, utilisant les signes de l'alphabet romain et beaucoup d'accents. C'est pour cela que, pour la première fois depuis notre séjour en Asie, nous pouvons lire les mots inscrits partout. Mais on ne comprend rien évidemment.
Hoi An se découvre donc à pied, le centre étant fermé aux voitures et même aux motos à certaines heures. On peut flâner dans les rues pour admirer les façades, payer pour rentrer dans certaines maisons et suivre une visite guidée des lieux.
Nous commençons par une traversée de la ville de part en part pour prendre la mesure du lieu. Ruelles et bord de fleuve procurent des vues changeantes et agréables. Les Japonais de passage n'ont pas laissé de nombreuses traces si ce n'est une bien visible: le pont Japonais.
L'étape de Hoi An est aussi une occasion de tester de nouveaux mets. Ci-dessous les wontons frits, mais aussi du poisson cuit à l’étouffée dans des feuilles de bananiers, des roses blanches (raviolis à la poudre de crevette), des soupes de nouilles, des nems, des currys bien sûr (j’en mange un par jour depuis 2 mois). Tout n'est pas délicieux, parfois même très gras, mais il nous faut gouter car la cuisine vietnamienne est réputée pour sa finesse.
La visite des maisons se révèle surprenante. Les maisons sont sur 2 niveaux, construites sur des piliers de teck posés sur des petits blocs de marbre. Chaque année, avec les crues, les maisons sont inondées (jusqu'à 1m50 certaines années). Le bois résiste bien, le marbre empêche les termites de monter dans la structure. On peut y voir le temple réservé aux ancêtres et celui des génies qui protègent la maison.
Nous apprenons à différencier les styles: la charpente soutenue par la flèche vietnamienne, ou par les poutres japonaises, 3 horizontales (terre, homme, ciel) et 5 verticales pour les 5 éléments, les balcons chinois, etc
Elles sont en général bien restaurées ou bien conservées mais ce qui surprend le plus finalement quand on les enchaine est qu'elles se sont transformées en magasin. "Voyez ici le temple réservé aux génies. Si vous voulez, vous pouvez jeter les pièces dans l'urne et faire un voeu; ce sont des pièces chinoises d'époque et nous les vendons ici. Voyez ici les quartiers du chef de famille, c'est la partie la plus privée de la maison, alors nous y avons installé les stands de cravates en soie, regardez les couleurs! Ici la cuisine avec les costumes, je vois que Monsieur fait un petit 40, essayez ce pantalon derrière le four!". Cela devient lassant parce que les pièces sont envahies de tissus à vendre et on ne voit plus les volumes, les décorations, etc.
Les maisons communautaires et leurs temples sont un peu plus épargnés. Les 5 communautés chinoises maintiennent chacune leur espace de vie et de prière et la rénovation a porté ses fruits.
Ces lieux de culte se transforment quand même un peu en musée et la plupart des icônes, génies, dames célestes et autres se retrouvent souvent derrière une vitre.
Les après-midi permettent de flâner sur le bord du fleuve, de regarder des pécheurs poser et relever leurs filets en pleine ville. Tiens, pas sûr que l'on reprenne du poisson ce soir quand on voit ce qui se déverse dans le fleuve.
Il y aussi les ballets des mini-taxis pour passer d'une rive à l'autre et éviter de faire les 200 mètres pour aller jusqu'au pont.
Quand le soir arrive, les lampions et le fleuve s'allument. Et ils sont beaux les lampions! Ils sont fabriqués sur place, et une fois n'est pas coutume, nous allons regretter amèrement de ne pas avoir acheter au moment où nous avons visité un beau magasin. Il va falloir attendre Hanoi pour en avoir des moins jolis.
Mais on manque de temps et comme l'activité principale de la ville est tournée vers la confection de vêtements (en soie principalement mais aussi en cuir ou en tout ce que vous voulez), Virginie est occupée à faire prendre ses mesures, à faire des essayages, des retouches, etc. Heureusement qu'on manque de temps!
Il fait toujours doux le soir et les rues se vident. Même les scooters disparaissent progressivement! Le village ressemble à un village musée, avec de belles maisons anciennes, mais malheureusement, il ressemble à la boutique du musée. Toutes les maisons réhabilitées ont été transformées en bar, restaurant, magasin de soie, de lampions, de poterie, etc. Certaines rues ne sont que succession d'échoppes et il est parfois difficile de voir autre chose que la marchandise. Quand on y arrive, c'est charmant!