Quelques jours à Kuching et on regrette Bako.
Le cabanon surélevé pour que les cochons barbus passent en-dessous. Les macaques qui ouvrent la porte pour voler ce qu'ils peuvent, l'intimité avec les moustiques, et donc les installations à la McGiver pour tendre des cordes et attacher nos moustiquaires. Le crotale qui dort dans l'arbre en face du cabanon, les culagos qui planent des arbres autour, les nasiques qui passent dans les palmiers au-dessus du cabanon...
Je vous ai parlé du scorpion noir que l'on a vu? Non, parce que les photos ne sont pas assez précises pour vous le montrer.
Bref, en ville, c'est plus étouffant. On tend quelques cordes dans l'appartement que nous avons loué (pour faire sécher toutes les affaires que nous lavons) mais ce n'est pas pareil.
Les Ministères des Affaires Etrangères Français et Australiens ont de nouveau émis des avis alertant de risques élevés d'enlèvement dans l'Est du Sabah et déconseillent de voyager dans la zone. Nous allons donc faire une croix sur une partie de nature sauvage où nous aurions pu croiser des oiseaux à corne (l'emblème de Bornéo), des éléphants nains, des tarsiers, ...
Nous allons vérifier que nous pouvons quand même nous rendre sur l'île de Mantanani où nous pourrions croiser des dugongs. Il nous faut appeler l'Ambassade lundi.
Pour se remettre dans l'ambiance, le lendemain du retour de Bako, nous nous rendons à Semenggoh, centre de réhabilitation d'orang-outans situé au Sud de Kuching.
Ce centre abrite actuellement 26 singes qui vivent leur vie tranquillement dans une forêt qui leur est réservée, avant que certains ne soient réintroduits dans la forêt profonde.
La confrontation n'est pas garantie mais le centre met à disposition des fruits donc certains font l'effort de venir. En ce moment, c'est la saison des fruits dans la forêt donc beaucoup ne se déplacent pas, ils mangent sur place!
Le matin, nous avons la chance d'observer 3 ou 4 orang-outans qui s'accrochent dans les lianes dans des positions improbables. Des femelles et des jeunes.
Les singes ne restent pas longtemps et nous restons un peu sur notre faim.
Nous retournons sur Kuching pour manger mais, finalement, Théo et moi décidons de revenir l'après-midi pour retenter notre chance.
Bien nous en a pris car les singes sont de retour et nous avons la chance d'apercevoir une grand-mère de 42 ans avec un de ses petits-enfants ainsi que 2 gros mâles de 12 ans.
Ils ne sont encore assez vieux pour que leur crane ne montre ces plaques caractéristiques mais ils sont impressionnants, 120 kilos de muscles, très délicats dans leurs gestes.
La grand-mère a de beaux traits et montre plein d'attention pour le petit. Elle évite les grands mâles et emmène le petit sous l'auvent qui abrite les spectateurs que nous sommes. Ils s'installent par terre au milieu des gens et se reposent.
Plus loin, les grands se balancent et mangent.
Comme toujours avec les grands primates, l'anthropomorphisme n'est pas loin et nous les trouvons très touchants.
Une belle journée. Très chaude. Nous sommes trempés de sueur.
Honnêtement, heureusement que les habits que nous portons ont déjà subi un tour du monde parce que ce ne serait pas humain de soumettre des vêtements neufs à un traitement aussi rude.
Le lendemain, c'est dimanche et nous nous rendons au weekend market en bord de ville pour regarder ce qui se vend. Nous passons plus de temps aux fruits et légumes qu'aux poissons séchés. Il fait tellement chaud qu'au bout d'une heure nous sommes obligés de rentrer. Nous ramenons 2 ananas délicieux (petit goût de vanille), des mangues sauvages, une papaye à tomber par terre, de petits citrons verts, un pamplemousse géant et des bananes.
Ce sera notre repas du soir car nous sommes las.
Lundi, direction la mangrove au nord de Kuching, autour de la montagne Sanbutong. Nous embarquons sur un bateau pour aller voir les crocodiles (faux gavials et crocodiles indopacifiques, les mêmes que ceux qui patrouillent dans le nord de l'Australie, ceux qui fascinent les enfants, enfin les nôtres) qui nagent en mer et remontent dans le fleuve et la mangrove.
De jolis spécimens sillonnent les eaux vertes et boueuses. Pas facile de les voir.
On aperçoit leur nez et le haut du crane avant qu'ils ne plongent.
Mais rien n'échappe à notre explorateur de mangrove, qui peut décrire les modes de vie de ces prédateurs, lister leurs caractéristiques physiques, etc.
Après quelques kilomètres de fleuve, nous approchons de l'estuaire et les eaux ont l'air plus belles. Mais pas question de plonger quand on a vu ceux qui se baignent déjà.
Nous sommes maintenant tous aux aguets pour voir un autre habitant de ces eaux: le dauphin de l'Irrawady.
Il est certes un peu loin de ses bases, mais comme il était menacé dans les eaux du Mékong et de l'Irrawady, certains sont venus se réfugier dans le détroit de Malacca et dans les eaux de Bornéo.
C'est toujours éreintant de prendre des films ou des photos de dauphins, car quand ils sortent brièvement de l'eau pour respirer, il est toujours trop tard pour pointer l'appareil, faire le point, etc.
Alors on l'a regardé le dauphin (et on a fait des photos floues avec des vagues, des kilomètres de films où on ne voit rien, et certains où on voit quelque chose mais je n'ai pas le temps de tout visionner pour en mettre un bout ici). Il n'a pas vraiment de bec, une tête plutôt ronde, proche du globicéphale et de l'orque.
Nous passons ensuite au plus près de la mangrove mais comme la marée est trop basse, nous ne pouvons nous aventurer trop loin dans les bras.
Notre guide pour cette journée est un passionné de culture locale, qui tente de la faire survivre. Il nous raconte l'histoire de sa famille, des différentes ethnies auxquelles il appartient (de par sa mère et son père, de par sa femme), les problèmes de langue qu'ils rencontrent, la difficulté de maintenir les traditions. Nous en apprenons énormément et cela rend la journée vraiment intéressante. Les légendes des chasseurs de tête prennent plus de corps si l'on peut dire. Son grand-père, pendant la guerre contre le Japon, était payé au nombre de têtes qu'il rapportait. Payé aux pièces quoi.
Pour notre dernier jour, nous nous rendons au village culturel du Sarawak, qui met en valeur les modes de vie des principales tribus du Sarawak. Les Iban, Bidayuh, Penan, Orang Ulu, Melanau, etc, ont construit une maison traditionnelle (maison longue sur pilotis très haute pour la plupart, sauf pour les nomades Penan), dans laquelle ils montrent leur mode de vie, les plats qu'ils préparent, leurs outils, instruments de musique, costumes de fête, ...
Les enfants peuvent s'initier au tir à la sarbacane avec les chasseurs nomades, essayer de faire de la musique.
Le village met aussi en scène un spectacle de danses auquel chaque ethnie participe. C'est bon enfant et bien fait.
Le tout est en pleine nature, autour d'un lac, en face de la mer. Le meilleur endroit, c'est dans la maison longue traditionnelle, il y fait frais grâce aux courants d'air.
Dehors, c'est hostile.
Sauf pour les lézards. En voilà un en passant, cela fait toujours plaisir.
Pour conclure notre séjour à Kuching, nous retournons manger au Top Spot Food Court. C'est au pied de notre hôtel, il suffit de pointer vers le poisson que l'on veut manger et ils le grillent (ou le cuisent à la vapeur). C'est le paradis des fruits de mer. C'est frais et rapide, c'est sans surprises.
Il faut dire que les enfants se sont faits surprendre plus d'une fois par les doses de poivre dans les plats (le Sarawak produit un bon poivre noir qui agrémente beaucoup de plats).
Pour ma part, j'ai pu déguster de très bons cafés locaux (une fois que l'on a précisé qu'on le voulait sans tonnes de sucre et sans crème, c'est excellent).
Dans l'ensemble, cela n'aura pas été une étape culinaire transcendante; bien moins en tous cas que celle annoncée par les forums et guides, et nous allons voir dans une autre région ce que nous pourrons trouver.
Demain, nous partons pour le Sabah, pour Kota Kinabalu, ses îles, ses plages, ses montagnes, ... ses pirates.