Dès notre entrée dans le parc, c’est la cohue. Les antilopes se bousculent et nous mélangeons tous les noms: steenbock, springbok, gazelle, koudou, oryx, impala, dik-dik, … A force, tout devient antilope, et le mot fuse sans cesse. Ce sont ensuite les girafes qui rentrent en scène, des petites, des grandes, des sombres, des claires. Des qui nous coupent la route sans gène …
Un peu plus loin, un varan d’un mètre traverse la route et je pile pour aller le photographier. Je m’apprête à sortir pour le débusquer mais Virginie me stoppe net: « on est dans un parc sauvage, on reste en voiture, tu montres l’exemple ». Devant mon sacrifice et le niveau de la perte, les enfants comprennent la portée de l’injonction! C’est le monde sauvage, même les papas se plient aux règles!
C’est suffisant pour une entrée en matière et nous allons nous installer au camp de Namutoni pour la nuit. Le camp possède un point d’eau qui n’est pas super car peu d’animaux s’y pressent. Nous y admirons tout de même le coucher de soleil.
Le lendemain matin, tout indique qu’il faut se lever tôt pour aller traquer les animaux. Avant le lever du soleil, le camp bruisse, les 4x4 démarrent, les campeurs crient, rangent. Les gens ne sourient pas mais parlent très fort. Nous n’avions pas prévu de nous réveiller si tôt mais nous sommes obligés de nous tirer du duvet et de petit déjeuner dans le froid polaire africain. Nous sommes sur la piste vers 8h00 soit trop tard pour l’aube mais assez tôt pour enquiller 8 heures d’observation. Nous nous sentons un peu sous-toilés quand nous voyons les appareils photos et les objectifs longs comme le bras des autres voitures. Nous, nous avons un petit numérique.
Nous recommençons tout doux par une petite série de girafes puis rencontrons nos premiers gnous. Un bon gros troupeau et on se prend à regretter le petit cours d’eau rempli de crocodiles pour mettre un peu d’animation. Mais il n’y a pas de crocodiles à Etosha.
Nous atteignons enfin notre premier point d’eau et nous découvrons nos premiers zèbres et notre premier vautour qui observe.
Nous passons des énormes étendues de savane blonde dans laquelle se cachent des troupeaux entiers. Quelques têtes dépassent.
C’est enfin au tour d’un éléphant de débarquer. Caché derrière un arbre, tranquillement occupé à mâcher, on manque de le rater tellement il est imposant.
Nous approchons de l’heure du déjeuner et nous avons pris une route de bord de lac (au fait Etosha, c’est un lac) qui semble bien monotone. La végétation a changé, les herbes sont hautes, les arbres denses et nous ne voyons pas grand chose si ce ne sont de grands troupeaux de zèbres.
Et puis, peu avant le retour vers la piste principale, non loin d’un groupe d’antilopes dans une herbe plus basse, 2 têtes apparaissent furtivement et disparaissent.
C’en est assez et les yeux aiguisés de Virginie repèrent les fauves. Elle crie le code : « ananas » et je pile. Ce sont des guépards.
Nous restons seuls en planque pendant une heure à regarder les fauves se préparer. Il y a un troupeau de gazelles et un de gnous. 2 gnous montent la garde.
La première attaque est trop rapide pour qu’on puisse suivre avec nos appareils mais la gazelle est manquée et les gnous partent affolés avant de rebrousser chemin et de charger les 2 fauves.
Déçus, les 2 compères se replacent et bien vite repèrent une gazelle isolée sur le bord de notre route. Ils sont malheureusement dans le vent et elle les a tout de suite repérés. Les commentaires des films sont dignes de National Geographic.
L’attente recommence.
Il est malheureusement temps de manger pour nous aussi et le fauve de la voiture grogne de plus en plus pour aller chasser le sandwich au jambon. Tant et si bien que nous devons abandonner la planque. La gazelle s’en tire de toute façon donc nous ne manquons rien.
Quelle belle journée! Une chasse de guépards en direct!
Que nous réserve l’après-midi?
Tout d’abord le déjeuner! Une fois le lac passé, avec ses bords en croûte de sel, nous rejoignons une aire de pique nique protégée pour faire les sandwichs. Un calao à bec jaune nous observe et chante.
C’est ensuite un rollier qui nous montre le chemin.
L’après-midi commence par un point d’eau que squatte une famille d’éléphants.
Les autres points sont malheureusement à sec ou déserts donc nous rejoignons le camp d’Halali, où Théo file au point d’eau pour observer des rhinocéros, pendant l’activité intéressante de montage de la tente, préparation du repas, etc. Virginie et moi arrivons tout de même à les apercevoir à tour de rôle.
Le soir, nous revenons 5 minutes trop tard car un léopard (le plus discret des résidents) était au point d’eau. Nous attendons mais seuls des rhinocéros et une hyène mal en point font leur apparition.
Le ciel ce soir est encore magnifique et cette fois nous allons tenter de nous lever tôt et de prendre le petit déjeuner en route pour être en phase avec les animaux.
Cela se révèle assez inefficace car nous gagnons une petite heure que nous passons à ne rien voir et quand nous nous arrêtons enfin pour prendre le petit déjeuner devant un point d’eau rempli de zèbres, il nous manque le café, le thé et le chocolat que nous ne pouvons faire sans sortir de la voiture. On n’est pas encore au point.
Sur le trajet, une tache nous fait piler et nous découvrons une hyène cachée, qui attend. Quoi? Ce n’est pas clair.
Bon, après c’est la routine, antilopes, zèbres, girafes, éléphants, gnous, … Tiens, un serpentaire. Il est bizarre cet oiseau, il est énorme et il passe son temps à marcher au lieu de voler. Feignant.
Les paysages sont tout d’abord raz, type savane jusqu’au bord du lac puis changent pour de la brousse épaisse lorsque nous repiquons vers le sud.
On ne voit alors plus grand-chose sauf des koudous de temps en temps.
Sur une nouvelle zone de savane, nous tombons sur des chacals. Il y en a un qui chasse un petit rongeur en sautant partout comme un chat qui joue, tandis que 4 autres courent après une springbok pour la fatiguer. Des springboks passent le temps en se battant.
Nous commençons à désespérer car la végétation n’est pas propice à l’observation des fauves, quand nous arrivons enfin à un point d’eau où se prélassent de nombreux animaux. Et notamment, bien cachés, des lions et des lionnes repues, encore roses de leurs agapes.
Nous restons là 2 heures à regarder les lions faire quelques pas pour changer de zones de sieste, puis pour observer les arrivées successives de 2 éléphants qui donnent la frousse aux lions installés.
Lions et éléphant s’affrontent du regard et s’intimident. Du genre : "Moi je m'en fiche, regarde comme je suis décontracté! Non c'est moi plus!". L’éléphant est très nerveux et son départ dure des heures.
Il nous faut malheureusement quitter la place pour rejoindre le camp d’Okaukuejo pour la nuit (les horaires de fermeture des grilles du parc sont drastiques). Mais nous sommes très impressionnés d'avoir vu les lions de si près!
Le soir au point d’eau, c’est encore le festival des rhinocéros (Virginie et les enfants en verront 7, avec des petits et des éléphants, pendant que je fais le feu et les tentes).
Nous mangeons près du feu, dans le froid, avec les chacals qui tournent autour, dans le camp. Nous allons les entendre toute la nuit, ainsi que les rhinocéros, qui braillent à côté. Au petit matin, ils s’en vont tranquillement.
Cette fois, nous prenons le petit déjeuner tôt et taillons la route de bonne heure vers l’Ouest du parc. C’est notre dernière journée et notre dernière chance de voir un léopard.
Comme d’habitude, nous avons l’impression d’être seuls sur les routes. Le parc d’Etosha, à la différence des parcs du Kenya ou de Tanzanie, impose strictement de rester sur les pistes tracées. Cela concentre les visiteurs sur 1% de la surface et laisse le reste aux animaux pour se cacher et faire leurs petites affaires. Malgré cela, nous observons des tonnes d’animaux mais ne croisons presque personne. Les vacances européennes et sud-africaine ne sont pas encore commencées.
Nous longeons donc le lac vers l’Est quand apparaît à l’horizon une bête à la démarche féline. Un coup de jumelles confirme qu’il s’agit d’un lion. Un vieux, gros, avec une belle crinière. Nous fonçons donc vers le point d’eau tout proche dont s’éloigne le lion. Malheureusement, le lion est déjà dans la savane. Ni une, ni deux, nous commettons l’irréparable, nous empruntons une piste réservée au personnel pour nous approcher. Nous sommes maintenant derrière le lion, à 100 mètres, en poursuite furtive, autant que faire se peut avec un 4x4 diesel. La piste tourne donc nous rebroussons chemin et essayons de le rattraper. Mais la piste s’éloigne. Demi-tour et de nouveau en poursuite dans la savane. Le lion a pris beaucoup d’avance; il n’est plus qu’une ombre au loin. A la jumelle, nous le voyons rebrousser chemin, poursuivi par 2 autres lions; conflit de territoire. Tous trois se posent dans les hautes herbes et attendent, trop loin pour que nous ne les distinguions. Nous attendons un moment puis cassons la chasse. Trop dommage! Il y avait tellement de gibier à se partager.
Le reste de la matinée est désastreux; nous roulons de points d’eau à sec en points d’eau à sec; notre carte n’est pas à jour! Nous avalons des kilomètres et de la poussière et ne croisons que peu d’animaux, tandis que nous ruminons cette rencontre ratée avec le gros lion. Les animaux les plus impressionnants sont des écureuils.
Il y a de beaux baobabs quand même!
C’est fatiguant en fait de faire du safari comme cela. Dans la voiture de 7h00 du matin à 4h30 l’après midi, sans pouvoir sortir, cela finit par casser le dos et les jambes. Au bout de 3 jours, nous avons remplacé les cernes du transfert d’Indonésie par de réelles cernes namibiennes.
Nous rentrons au camp d’Okaukuejo pour manger un pique nique et nous posons au bord du point d’eau. Quelle bonne idée! Tous les animaux l’ont eu aussi. Pas étonnant que nous n’en ayons vu aucun dans la savane, ils sont tous là!
Nous repartons une dernière fois sur les routes pour atteindre la sortie du parc et faisons un dernier crochet par un point d’eau pour tenter notre chance. Nous tombons sur un bouquet de girafes.
Et sur un troupeau d’éléphants, bien plus fourni que tous ceux que nous avons croisés. Il y a peu de points d’eau dans cette partie du parc cet quand on en trouve un vrai, on est récompensé!
Cela nous fait une belle sortie.
Pour finir la journée en beauté, nous fonçons vers une ferme à plus de 100 kilomètres du parc. Il y a 10 ans, les fermiers ont commencé à capturer des guépards qui menaçaient leurs troupeaux. Ils ont proposé à Etosha de les leur fournir mais le gouvernement a refusé. Ils sont donc restés avec leurs guépards sur le dos, avec des petits à naître. Ils en ont gardé 3 petits qu’ils ont apprivoisés et qui vivent avec eux et ont crée une réserve dans laquelle ils ont placés les autres guépards.
Nous posons la voiture et embarquons dans la remorque d’un camion vers la réserve. Dès les grilles passées, tout le monde trouve la remorque bien trop basse et bien trop accessible. C’est l’heure du repas des fauves, ils le savent et nous le savons; nous espérons juste que les réserves de viande sont suffisantes.
Je peux vous dire que personne ne fait le malin à l’arrière de la remorque quand les fauves filent à travers les herbes et tournent autour du camion. On ne les voit pas passer, on ne voit que des yeux orange. L’excitation est à son comble quand la viande est sortie, c’est la bataille et l’intimidation. Cela couine, feule, et tremble dans le camion. Nous avons vu une chasse en vrai et je doute que ce camion avec remorque puisse atteindre les 100kms/h en quelques secondes.
C’est le soulagement quand les grilles se referment.
Le lendemain matin, nous pouvons même caresser 2 des guépards apprivoisés, qui ronronnent comme des gros chats.
Cela conclut notre tournée des parcs d’animaux. Nous avons adoré la visite mais cela nous donne maintenant envie de faire tous les parcs du Botswana, d’Afrique du Sud, etc. Ce sera pour plus tard.
Nous partons maintenant vers le nord, pour le Kaokoveld, pays des Hereros et des Himbas.