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23 mai 2011 1 23 /05 /mai /2011 21:00

Dimanche matin 7h, soleil radieux, parfait pour une attaque surprise de la muraille; les Chinois ne pourront pas résister, l’armée Mongole se met en route. Comptant sur la bravoure de Théo Khan et Louis Khan, l’armée va défier la loi du nombre (moi, je vous le dis, trop de dessins animés peuvent abimer la jeunesse. Il ne faut pas regarder Mulan trop souvent).

Notre voiture nous attend, et notre guide aussi. Nous faisons la route en discutant. Elle a suivi son mari aux USA pour un PHD de chimie et est revenu depuis 2 ans en Chine donc la discussion est intéressante. Son opinion sur les politiques d’emploi, d’aménagement du territoire, … sont assez réactionnaires. Quoi que, si cela se trouve, tous les Chinois pensent la même chose mais celle-là parle bien anglais et peut me le dire. En tous cas, il lui faut cumuler plusieurs petits boulots pour survivre et guide, cela lui fait voir la campagne.

Notre package, pour assurer un prix bas, compte des arrêts dans des business à touristes, histoire de partager des commissions. Notre premier arrêt, pas loin de la muraille, est pour une fabrique de poteries. C’est un arrêt rapide et assez intéressant qui nous permet de voir la fabrication de ces poteries en cuivre (je pensais qu’elles étaient toutes en porcelaine, ignare que j’étais).

08 Beijing - Poteries 09

08 Beijing - Poteries 15

Ils font aussi des tableaux de la même manière (cuivre sculpté, peint puis doré) qui sont superbes. Mais malgré le bas coût de la main d’œuvre, les prix sont prohibitifs.

Quelques kilomètres plus loin, Louis aperçoit la muraille. Cela commence à trépigner dans la voiture, les manœuvres d’approche ont commencé, l’opération « Dragon de Beijing » est sur le point d’aboutir.

08 Beijing - Grande Muraille 01

Nous prenons d’abord un téléphérique pour atteindre plus vite la muraille. Ben oui, le mur n’est pas dans la plaine mais sur la crête de la montagne et cela fait une petite trotte. J’espère qu’il y était au moment de la construction de la muraille sinon ils ont dû galérer pour monter toutes les pierres!

Du téléphérique, on aperçoit le mur qui serpente à perte de vue.

08 Beijing - Grande Muraille 04

En fait, il y a 2 téléphériques sur ce bout de mur. Un qui t’emmène sur la partie haute du tronçon, à la tour de guet 14, un autre qui te pose à la partie basse du tronçon, à la tour 6. La logique aurait voulu que nous prenions le téléphérique qui arrive en haut pour descendre le long de la muraille. Mais la souffrance aiguise les sens et une marche trop facile sur la muraille aurait pu donner une impression erronée de la vie sur la muraille pour les soldats. Et puis on n’a pas eu le choix puisque notre guide nous a collé dans le téléphérique sans nous en parler! Dès que t’as un guide, tu deviens une valise!

Nous avons donc fait le trajet qui monte de la tour 6 jusqu’à la tour 14, puis le retour (oui, de la tour 14 à la tour 6), pris le déjeuner, puis j’ai fait l’aller-retour tout seul de la tour 6 à la tour 1 et même au-delà, sur le tronçon où il est marqué « touristes interdits, interdiction d’entrée ».

Là, c’est la photo avant la marche, au moment où nous sommes pimpants.

08 Beijing - Grande Muraille 08

Il n’y a pas de photo après la marche, au moment où la langue est accrochée à la tour 12 quand les pieds sont déjà arrivés à la tour 6.

Au début, Louis courait (dans la descente) pour arriver le premier aux tours de guet, monter sur la plateforme et faire des coucous.

08 Beijing - Grande Muraille 10   08 Beijing - Grande Muraille 13

Puis quand nous avons vu la descente et la longue montée à venir pour aller tout au fond, le rythme a sagement ralenti.

08 Beijing - Grande Muraille 18   08 Beijing - Grande Muraille 25

En passant, nous avons pu admirer, sur la montagne d’en face, les restes d’un mur construit avant cette version de la muraille.

08 Beijing - Grande Muraille 21

Parce qu’il n’y a pas qu’une muraille, il y en a eu plusieurs, qui ont pris des chemins différents, qui se sont construites les unes sur les autres ou qui se sont renforcées. La première a été construite en une quinzaine d’année par le premier empereur de la dynastie Qin. Pour se faire la main avant de se lancer dans la construction de son mausolée à Xi’an, il a terrassé une partie de son peuple dans la construction de la première muraille de Chine en un temps record. En briques, elle n’a pas complètement traversé les 2000 ans qui nous séparent mais elle a longtemps protégé l’empire et les marchands qui suivaient son tracé le long de la route de la soie, à l’abri des barbares du Nord. Les Hans ont ensuite construit d'autres bouts, puis les Ming ont réinvesti beaucoup de vies humaines pour reconstruire une muraille plus solide.

Le tronçon sur lequel nous sommes (Mutyaniu) a été construit par la dynastie Ming au XVième siècle et rénové il y a une centaine d’année à l’émergence des temps modernes chinois (l’arrivée du communisme).

Bon, comme nous sommes sur le mur, on va dire qu’on change les rôles. Pouce! Nous on est les Chinois et on repousse les Huns ou les Mongols.

08 Beijing - Grande Muraille 29   08 Beijing - Grande Muraille 27

On attaquera la muraille sur la partie qui descend parce que là, en montée, cela paraît trop difficile.

Cela monte et cela ne s’arrête pas.

08 Beijing - Grande Muraille 31   08 Beijing - Grande Muraille 34

Bon, certains font quand même des pauses pour regarder de près les détails de la construction. C’est de la belle ouvrage, il faut le temps de bien tout voir!

Quand nous arrivons enfin à la tour 14, il reste le chemin du retour et cela ne s'annonce pas beaucoup plus facile avec ces petites marches penchées. Je suis curieux de savoir comment ils organisaient les rondes à l'époque. Nous sommes remplis d'admiration pour ces guerriers qui défendaient le royaume. Personnellement, si quelqu'un avait attaqué au niveau d'une tour éloignée de plus de 2 tours de la mienne, je lui aurais crié d'y aller tranquille, je n'aurais pas bougé!

A mi-chemin, nous nous retournons et apercevons un début de foule d'envahisseurs. Nous sommes vaincus physiquement et nous préférons la fuite vers notre tour de base.

08 Beijing - Grande Muraille 46

Le pique-nique façon Amérique du Sud (sandwich jambon-fromage, chips, pomme) fait des miracles. Cela me donne assez de courage pour entreprendre le tronçon T6 - T1.

08 Beijing - Grande Muraille 53   08 Beijing - Grande Muraille 54

Pourtant, de loin, cela a l'air très pentu et les marches sont toutes bizarres. De près, c'est pire, c'est vraiment raide mais je monte les marches 2 par 2 histoire de montrer aux Chinois que je suis vraiment cool. En haut, je coule littéralement.

08 Beijing - Grande Muraille 56

Bon, la montée vaut quand même le coup car on peut accéder à une partie non restaurée et voir d'autres tronçons du mur qui continuent vers l'Est, là encore à perte de vue. On arrive en fait à un croisement de 2 tronçons et l'un des deux a été laissé à la végétation.

08 Beijing - Grande Muraille 64   08 Beijing - Grande Muraille 66

Les parties non restaurées du mur ont vraiment souffert et les travaux pour les remettre à niveau seraient vraiment très importants. C'est moins imposant que la partie restaurée mais cela la met bien en valeur.

08 Beijing - Grande Muraille 65   08 Beijing - Grande Muraille 67

Plus loin le mur défile et défile et défile ...

08 Beijing - Grande Muraille 74

En me retournant, je contemple le bout de muraille que nous avons presqu'attaqué, puis presque défendu, et que nous avons parcouru 2 fois, donc que nous avons au moins patrouillé honorablement. L'honneur est sauf.

08 Beijing - Grande Muraille 68

Cependant, il se fait tard et les brumes commencent à monter donc je me dépêche de rentrer au camp de base pour la suite des aventures.

Car ce n'est pas fini, il nous reste la descente en luge! Oui, c'est une autre chose qu'ils avaient construite à l'époque pour accélérer la transmission des informations: la luge d'été pour descendre dans la plaine.

Je monte avec Louis et nous essayons de pousser Theo et Virginie dans la version bobsleigh fou.

08 Beijing - Grande Muraille 83

C'est très marrant, bien trop court et bien sûr honteux de faire de la luge sur la muraille!

Nous reprenons le bus, lessivés, pressés de rentrer chez nous mais il faut encore faire un arrêt à la fabrique de soie et à la fabrique de perles. Même si nous les faisons à 100 à l'heure, elles sont quand même (en cherchant bien) intéressantes. Nous suivons le cycle du ver à soie et nous étendons nous-mêmes des cocons pour en faire des couettes bien chaudes. Nous ouvrons des huitres d'eau douce pour chercher les perles, et nous filons.

A la maison, c'est le moment de refaire les bagages (c'est pas le plus facile quand on s'est installé pour une semaine). Nous nous couchons tôt pour récupérer et affronter le trajet Beijing - Hong Kong - Surabaya de demain.

Nous n'avons rien préparé pour l'Indonésie donc les heures d'avion vont être mises à profit.

Le lendemain matin, nous courons dans l'aéroport pour essayer de voir les Milcent qui embarque pour le Japon mais nous arrivons trop tard. Si cela se trouve, ce n'est même pas leur avion que nous prenons en photo!

08 Beijing - Avion Milcent 02

En tous cas, bon voyage les Milcent! Il nous a fallu 10 mois pour enfin se croiser et cela a été très agréable!

Bon, le trajet en avion ne se passe pas du tout comme prévu car au lieu de lire les guides, nous avalons films sur films à en avoir les yeux rouges!

A la descente à Surabaya, le pilote veut être gentil avec les enfants et il les invite à voir la cabine de pilotage. Un grand blond Australien super baraqué, pas habitué aux enfants même s'il doit en avoir plusieurs à chaque escale. Louis se précipite et s'assoit avant que le gars n'ait fini sa phrase. Je n'ai pas le temps de dire "pas touche" qu'il a déjà saisi le manche à balai et fait des "Ouinnnnnns, Ouinnnnns" comme Russel dans "Là-haut" aux manettes de la maison de Mr Fredericksen (de belles références cinématographiques quand même!).
Le pilote est effaré et je le préviens qu'à moins qu'il n'étrangle tout de suite mon fils, celui-ci va remettre les gaz. Je sens le doute dans son regard.

Pas d'autres incidents notables, nous passons la douane et sommes en Indonésie. Il fait 32°C, il est 20 heures. Il faut aller en ville et se coucher; demain nous sommes sensés bouger pour nous rapprocher des volcans.

21 mai 2011 6 21 /05 /mai /2011 21:08

Pour les 4 derniers jours, nous n’avons pas vraiment tenu le rythme. Le jeudi, nous reprenons enfin l’école et nous ralentissons, laissant les enfants jouer dans l’appartement. L’après-midi, nous partons à la recherche de grands magasins où trouver des lunettes de soleil pour Louis et des chaussures pour Virginie. Ces journées sont toujours parmi les plus frustrantes dans un tour du monde: on a l’impression de perdre son temps et comme on ne connaît pas les villes, on perd effectivement son temps.

A Beijing, ce ne sont pas les grands magasins qui manquent, mais nous ne trouverons rien cet après-midi. Nous faisons alors un crochet par un beau parc qui a la bonne idée de se trouver près d’un magasin de vivres pour expatriés, dans le quartier russe. Une fois le repas du soir assuré, nous faisons un dernier essai dans un grand magasin russe. C’est une expérience intéressante. Plusieurs étages de couloirs interminables, de petits magasins dont les devantures sont couvertes, cachant l’intérieur. Impossible de savoir ce qui est vendu. On va quand même essayer mais sans succès.

Le vendredi, le temps s’annonce gris donc nous repoussons la Grande muraille au samedi et préférons nous rendre au temple du paradis, où nous croiserons peut-être les Milcent. Arrivés sur place, le vent nous glace et nous nous rabattons sur le marché aux perles. Nous achetons quelques souvenirs (pas de perles) et investissons un magasin de jouets sur plusieurs étages dans lequel les enfants vont s’initier à la négociation. Leur objectif est de faire descendre le prix du paquet de 12 bakoogans à 30 yuans. Selon les étals, ils partent de 180 ou de 80, et font descendre le prix à 45 yuans. Ils repartent, armés de 2 énormes Bakoogans (des géants qu’on ne connaissait pas, si, si, c’est possible) et d’un paquet de 12 et d’un super-7 bakoogans. La journée passe de trop bien à super trop quand Virginie les ramène à la maison pour manger et regarder un dessin animé, pendant qu’elle retente une sortie logistique.

08 Beijing - Achat jouets

Pour ma part, je suis en mission commandée dans le temple de l’électronique, Zhongguancun E-Plaza, un équivalent du Pantip Plaza à Bangkok en pire. 3 bâtiments de 12 étages, remplis de magasins vendant des iPods, des téléphones, des PC, des appareils photos, des logiciels, des pièces détachées. La moitié (si on est optimiste) est de la contrefaçon. Je suis ici pur trouver un appareil photo pour les enfants qui soit antichoc et étanche, ainsi qu’un appareil avec un zoom puissant pour moi pour l’Afrique et les animaux (un Bridge parce qu’un reflex, moi et la poussière de la savane, c‘est difficilement compatible). J’ai malheureusement des critères stricts et mon choix s’est par avance fixé sur 2 appareils qui ont déjà 12 mois au moins (Sony TX5 et Panasonic ZF38). Je vais passer l’après-midi entière à aller de vendeurs en vendeurs, de vendeurs en maisons-mères et stocks, en enchainant les rounds de négociation. Pour rien. La plupart n’ont plus mes modèles (mais ne me le disent qu’après avoir négocié) ou ne veulent pas descendre assez bas pour que cela soit intéressant. Je ressort épuisé cette épreuve. Les Chinois ne sont pas marrants en affaire. Partants de 10 fois le prix réel, jamais le sourire, toujours agressifs, il faut tourner les talons pour qu’ils commencent à discuter en divisant le prix par 2; tout le contraire des Thaïlandais. Virginie rentre aussi épuisée de son escapade commerciale. Elle a vu des touristes se faire insulter pendant une négociation parce qu’ils n’acceptaient pas le prix proposé! Durs en affaire, les Chinois, ce qui rend les achats toujours éprouvants. Les prix pratiqués sont en plus supérieurs à ceux de la Thaïlande, cela n’a aucun intérêt. En fin de journée, cela fait mal de voir qu’on a passé la journée à marchander sans trouver ce que l’on voulait au lieu de se reposer dans un jardin ou de visiter un musée.

Le samedi arrive et nous sommes trop fatigués pour prendre un bus à 7h00 et subir 3 heures de route pour faire 90 kms pour atteindre la muraille. Nous repoussons donc au lendemain et nous voilà sans plan B. Cela va être une journée impro pas trop mal réussie.

Nous partons à la recherche d’un centre culturel qui est sensé proposer un spectacle de moines Shaolin le soir. En chemin, nous trouvons un coiffeur pour Virginie et nous nous séparons. Avec les garçons, nous tournons en rond sans trouver le centre culturel et lorsque nous le repérons, il est trop éloigné pour être atteint sans perdre Virginie. Nous rebroussons donc chemin, retrouvons Virginie et nous séparons de nouveau. Virginie s’achète enfin des chaussures et part faire des courses avec les enfants pendant que je suis chargé de trouver un moyen de locomotion pour atteindre la muraille le lendemain.

Je ne vais jamais trouver le bus express dont nous avons entendu parler mais je vais négocier une voiture avec chauffeur et guide à la moitié du prix prévu.

En rentrant, nous passons un coup de fil pour acheter des places au rabais pour un show de kung-fu qui commence 45 minutes plus tard. Nous y arrivons bien sûr légèrement en retard par manque de taxi mais c’est encore une presque-victoire. C’est plus un show pour touristes qu’un séminaire avec des moines mais c’est distrayant et pas mal fait.

Bilan de la journée:
- coiffeur Virginie - fait (inespéré)
- chaussures Virginie - fait
- pique-nique pour la muraille - fait
- transport pour la muraille - fait (avec brio)
- spectacle pour les enfants - fait (au rattrapage)

Cela rachète les 2 jours de relâche et nous sommes prêts pour notre dernier jour à Beijing, pour l’assaut de la muraille. C’est au pied du mur que l’on voit le mieux le mur, paraît-il. Certains disent que c’est de la lune, mais cela ne rentrait pas dans le billet tour du monde.

18 mai 2011 3 18 /05 /mai /2011 19:23

Voilà encore une journée importante de la visite de Beijing: la Cité Interdite. Nous avons rendez-vous de nouveau avec la famille Milcent.

Nous commençons par traverser le parc Jingshuan, qui se trouve au nord de la cité et qui en donne une vue aérienne depuis sa colline centrale.
Ce parc est comme souvent loin d'être vide. Des Chinois de tous âges s'adonnent à des exercices dans tous les coins. Il y a, tout d'abord, la gymnastique en musique, que la Chinoise toujours élégante peut pratiquer en tailleurs et talons hauts. Bon, en pyjama aussi. Ce sont des habitués qui bougent en musique sans avoir à observer les mouvements du prof (en rose le plus souvent).

Un peu plus loin, les traditionnels jeux de jongles avec les pieds. Les enfants ne sont pas en reste et tentent la version à la main.

08-Beijing---Parc-Jingshan-01.JPG

Vient ensuite l'espace Qigong, Tai Chi et les mouvements lents, prolongés par une épée parfois.

08 Beijing - Parc Jingshan 03

Danielle, qui pratique le Tai Chi, achève de me convaincre qu'il faut que je m'y mette (ce que je me promets tous les ans). Je vais planifier cela pour la rentrée, cela m'aidera à me réinsérer socialement. Je vous assure que les enfants ont aussi envie de s'y mettre. Enfin, d'avoir des épées, pour commencer.

Nous passons aussi les danses avec éventail (technique et joli) et les mouvements musicaux avec raquettes et balle. Un petit arrêt pour s'entraîner avec un prof super sympa. Bon, c'est beaucoup plus dur que cela n'y paraît.

08-Beijing---Parc-Jingshan-05.JPG   08 Beijing - Parc Jingshan 07

La vidéo viendra plus tard pour vous le prouver.

Nous abandonnons la montée en haut de la colline car le temps est gris et la vue sera bouchée. C'est dommage.
Nous arrivons enfin à l'entrée de la Cité Pourpre Interdite par la porte Nord.

Bon, je ne vais pas vous faire croire qu’il n’y avait personne dans la Cité Interdite. Depuis qu'elle n'est plus interdite au peuple, elle est remplie comme un œuf tous les jours. Je pourrais vous montrer des rues vides ou presque car l’endroit est tellement grand qu’il y en a, de temps en temps. La Cité Interdite est une ville de centaines de bâtiments, 8 700 pièces, qui, outre la famille impériale, les dizaines de concubines et les divers enfants, bruissait des 80 000 servantes et eunuques. Sorti des quelques grandes avenues, et des immenses places entourant les pavillons principaux de la salle du trône, ce ne sont que couloirs, ruelles, portes, jardins. Un labyrinthe rouge que nous explorons au hasard. Nous passons par les derniers appartements des concubines, de l'impératrice, du dernier empereur (chassé après son abdication en 1912 à l'âge de 6 ans).

08 Beijing - Cité Interdite 09   08-Beijing---Cite-Interdite-03.JPG

Comme au Palais d’été, nous sommes surpris d’apercevoir toutes les reliques, les meubles, cachés dans les pavillons derrière des vitres sales qui n’empêchent pas la poussière de les ternir. On ne voit pas grand-chose et il est difficile d’apprécier la finesse de ces souvenirs. Ce n'est plus un palais, c'est un musée mais un musée où on ne peut voir les pièces que difficilement.

Ce qui tranche en revanche, c’est la richesse de décoration des toits. L’importance des bâtiments est proportionnelle au nombre de génies qui gardent la pagode et nous dépassons les records précédemment établis à 9.

08 Beijing - Cité Interdite 12

08 Beijing - Cité Interdite 05

Nous sommes plus encore frappés par la dimension de la Cité, par la taille inégalée des pavillons centraux. Cela ne gêne pas trop les enfants qui courent partout, comme dans un parc.

S'étendant sur 960 m de long du nord au sud, et de 750 m de large d'est en l'ouest, entourée d'une muraille de 10 m de haut, elle-même cernée d'une douve large de 52 mètres, la cité compte selon la légende, 9 999 pièces. Le chiffre de 9 999, s'explique par le fait que, selon la tradition, seules leurs divinités avaient le droit de construire un palais comprenant 10 000 pièces. Les hommes, de ce fait, essayaient ainsi de se rapprocher aussi près que possible de leur idéal de perfection. Chez les Chinois, le chiffre 9 est symbole de longévité, et le nombre 10 000 représente symboliquement « une infinité dénombrable ».

08 Beijing - Cité Interdite 19   08 Beijing - Cité Interdite 31

08 Beijing - Cité Interdite 32

La construction de la Cité interdite a duré 14 ans et plus d'un million d'ouvriers réduits à l'esclavage y auraient travaillé. Entre 1420 et 1911, un total de 24 empereurs y ont résidé. Avant 1924, année où elle a été ouverte au public, personne d'autre que l'empereur et sa cour n'avait le droit de s'en approcher ni même de la regarder. Aujourd'hui, la Cité interdite est l'un des sites les plus visités en Chine. Aujourd’hui, c’est de nouveau jour de grisaille et les toits de couleur jaune ne ressortent pas trop sur le bleu du ciel, car il est gris-blanc.

08 Beijing - Cité Interdite 13

08 Beijing - Cité Interdite 29

La pause de midi est indispensable pour se reposer car, malgré les nuages, le soleil chauffe et les enfants commencent à accuser des signes de fatigue.

Nous consacrons le début d'après-midi au palais du trône, aux galeries de bijoux, avant de nous diriger vers la porte Sud.

08 Beijing - Cité Interdite 24

08 Beijing - Cité Interdite 34   08 Beijing - Cité Interdite 35

C'est encore une longue marche qui nous attend et j'avoue que les dernières minutes se font en discutant, sans plus trop profiter de la majesté des lieux. Il va falloir revoir le film "le Dernier Empereur" pour comprendre plus tard où nous étions et replacer des souvenirs sur les images.

08 Beijing - Cité Interdite 38   08 Beijing - Cité Interdite 37

Nous quittons la famille Milcent vers 16 heures devant la place Tiananmen pour rentrer doucement à la maison et préparer encore un repas de fêtes: des courgettes vapeurs! C'est encore un grand "whaou" du tour du monde comme dirait les Lellu (bien qu'il me semble que les "whaou" sont à réserver aux sites, pas aux repas). Bon, si je rajoute la Cité Pourpre Interdite, c'est sûr que cela qualifie pour un grand "whaou" du tour du monde!

Il nous reste 4 jours à Beijing, la Grande Muraille à prendre d'assaut, façon Gengis Khan, alors il ne va pas falloir faiblir.

17 mai 2011 2 17 /05 /mai /2011 20:28

Que cela fait du bien de prendre un train express, après avoir compté les brins d'herbes sur le bord de la route pendant des semaines. Le paysage est joli pendant un moment, avec des terrasses de rizières et des vallées, de hautes montagnes; mais tout cela se voit très bien à grande vitesse aussi!
En trois heures, c'est réglé, nous sommes à la gare de Beijing, nous avons fait un super pique nique dans le train (des nouilles quoi!), nous sommes d'attaque pour trouver un toit pour la nuit.

Nous avons loué un appartement pour la semaine mais comme nous nous y sommes pris un peu tard, celui que nous voulions est libre dans 4 jours et un autre se libère demain.

Nous prenons donc un taxi pour le sud de la place Tiananmen et débarquons dans un hutong, dans une auberge de jeunesse, où nous trouvons 2 lits superposés derrière le bar et sous les enceintes, parfait pour la jeunesse.
Nous passons le reste de l'après-midi à nous balader dans les petites rues, à regarder les magasins de pinceaux et à réfléchir au programme de la semaine.

Le lendemain arrive avec bonheur car il marque la fin de la nuit, étape assez pénible. Nous débarquons dans la résidence vers midi pour déposer nos bagages puis filons vers la librairie française pour faire du stock. Les 2 derniers tomes d'Harry Potter, des contes chinois et même un Picsou magazine, les enfants vont sûrement avoir à cœur d'être sages pour nous remercier de les gâter (qui a pensé: "on peut rêver"?). En tous cas, une petite heure dans cette enclave française leur a fait du bien.

08-Beijing---Bibliotheque-francaise-02.JPG

Pour vraiment assurer le coup, nous mangeons même dans un restaurant français en face du centre culturel, assiette de charcuterie, galettes de sarrasin, ... Leurs petits yeux se mouillent d'émotion. Pourquoi faire un tour du monde alors qu'un bon déjeuner fait déjà beaucoup d'effet. Honnêtement, nous sommes tous très heureux de dépenser une fortune locale pour faire un break.

Les choses se compliquent un peu lorsque nous voulons prendre possession de l'appartement en fin d'après-midi. La femme de ménage n'a pas fini de faire semblant de faire le ménage et nous nous apercevons que la cuisine est vide. En mettant à sac les placards et les tiroirs, on arrive péniblement à rassembler un vieux wok inutilisable et 3 paires de baguette. Nous avons beau demander des ustensiles de cuisine et des couverts (une casserole, assiettes, verres, fourchettes, couteaux, cuillères, ...), ils ne voient pas de quoi nous voulons parler. Et quand nous leur dessinons ou leur montrons des photos, ils ne voient pas l'utilité. Comme nous ne nous voyons pas tartiner du beurre avec des baguettes et manger des nouilles réchauffées toute la semaine, nous insistons un peu beaucoup.
Nous obtenons des assiettes sales, des verres et une poêle sale. C’est un bon début et c’est presque la fin. Avec force protestations, nous obtenons des bols sales.

2 heures plus tard, il est temps d’aller remplir le frigidaire pour pouvoir préparer des mets savoureux avec une poêle et des baguettes. Nous faisons donc une incursion en taxi jusqu’à un magasin Carrefour, pleins d’espoir. Futile, les rayons sont chinois et nous en ressortirons avec de l’eau et des yaourts, en ayant perdu une heure et 50 euros.
Le premier repas n'est pas à la hauteur de nos attentes. Une carotte crue achetée en bas de l'immeuble, du pain avec rien dessus. Et des yaourts! Mais, les enfants sont quand même très heureux de manger à la maison. Ils ont leur chambre, ils vont déballer leurs jouets. Tout va aller pour le mieux. Louis fait des photos de la vue à travers la moustiquaire pour vous montrer comme c'est beau.

08-Beijing---Vue-de-l-appartement.JPG

La nuit est un peu chaude car la climatisation ne marche pas.

Sommes-nous abattus, que nenni! Aujourd'hui, nous sommes installés chez nous, et nous avons rendez-vous avec la famille Milcent au Palais d'Eté. Une grosse heure de métro (super bien le métro d'ailleurs), une petite trotte et nous débarquons en retard au rendez-vous. Comme d'habitude avant chaque rencontre de nouveaux copains, les enfants piaffent et se mettent dans un état d'excitation proche de la transe chamanique. Normalement, trouver une famille nombreuse de français dans un pays étranger est assez facile, mais vue la foule chinoise, aujourd'hui, nous avons des doutes.

08 Beijing - Palais d'été 86

C'est finalement Danielle qui nous repère la première et nous fait les présentations de Xavier, des jumeaux Romane et Simon, de Solène et Martin. Là, nos enfants ne se lancent pas dans des effusions et nous leur arrachons un petit bonjour. Pour manifester sa joie, une fois les portes du parc franchies, Louis part en courant et nous allons mettre un bout de temps avant de le retrouver, presque inquiets.

Le Palais d'été, qui constituait le refuge de la cour impériale, est un site gigantesque, parsemé de temples, pavillons, jardins, organisés autour d’un grand lac. Nous avons donc une foule de choses à voir et nous commençons par un temps calme pour assister, dans l'enceinte du théâtre impériale, à une démonstration de danse.

08 Beijing - Palais d'été 04

08 Beijing - Palais d'été 12

C'est peut-être le seul moment où les enfants sont attentifs, car ensuite, une fois la glace brisée, la machine à jouer et à parler va fonctionner à plein. En fait, les adultes ne font pas mieux, et comme la journée est grise, les photos ne vont pas vraiment nous préoccuper.

Au gré de nos pérégrinations, nous gravissons la colline de la longévité, mais la vue est encore bouchée.

08 Beijing - Palais d'été 25

08 Beijing - Palais d'été 39

En redescendant à travers les pavillons, nous nous trouvons un espace vide, une retraite pour jouer, discuter, passer le temps.

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08 Beijing - Palais d'été 55

La tranquillité des lieux est parfois troublée par une troupe de chinois qui veulent poser avec les enfants. Cependant, les enfants travaillent depuis le matin à un système de forfaits payants dont les chinois doivent s'acquitter pour les prendre en photos, donc les plus gênés ne sont pas ceux que l'on croit.

08 Beijing - Palais d'été 65   08 Beijing - Palais d'été 66

Ce petit jeu des forfaits va les occuper toute la journée, avec des périodes de soldes, des périodes de réflexion stratégique marketing, des tests consommateurs, et surtout de gros échecs commerciaux. Le produit est pourtant très attractif.

Une journée de jeux et de discussions pour tout le monde! Oh, j'ai oublié de vous dire. Le Palais d'Eté, sinon, c'est très beau. Eut-il fait meilleur, les photos auraient été magnifiques mais regardez déjà ce qu'on a (oui, je travaille en ce moment les différents temps et modes avec Théo, alors cela déteint). 

08-Beijing---Palais-d-ete-60.JPG

08-Beijing---Palais-d-ete-63.JPG   08 Beijing - Palais d'été 68

08 Beijing - Palais d'été 77

En fin de journée, nous rentrons chacun de notre côté avec la joie de nous revoir le lendemain. Et là, je dois signaler que nous ne sommes pas exactement sur un pied d'égalité. Les Milcent rentrent en voiture avec chauffeur dans une maison de 400m² alors que nous prenons le métro pour notre 2 pièces-presque cuisine.

Pour rétablir un peu l'équilibre, Virginie va faire une heure de marche de plus pour trouver un magasin orienté expatriés et ramener à la maison des trésors de nourriture. C'est la fête: du Nutella, du jambon, de l'emmental, des céréales, du beurre, des fruits, du pain, des légumes. On ne peut rien demander de plus. On va pouvoir accéder au bonheur des autres: faire la cuisine, faire la vaisselle, faire des lessives, regarder CNN en boucle bref, se soumettre à la routine libératoire de l'accomplissement personnel véritable (il paraît qu'il existe d'autres routines libératoires à base de respiration, méditation, prière, mais c'est plus dur). Vous ne connaissez pas votre bonheur!

15 mai 2011 7 15 /05 /mai /2011 10:07

Pingyao

Là, je vais peut-être vous étonner! Cela fait quelques jours que je vous dis que nous sommes fatigués. Et bien, c'est fini. Maintenant nous sommes épuisés. Des cernes capuches, irritables, nous avons rejoint le côté obscur de la force. Je me demande si ce n'est pas un des premiers symptômes du scorbut. Suivront ensuite les œdèmes des membres, les hémorragies, etc. Nous manquons de fruits et légumes frais, de lait, de repos.

C'est ballot car cela nous fait voir les choses du mauvais œil. Les Chinois par exemple. Ils sont super gentils, toujours à essayer de nous aider, curieux de tout ce que l'on fait, gagas devant les enfants, etc. Et nous, on s'arrête aux petites différences culturelles les plus visibles.  Cela ne nuit pas vraiment à notre communication dans la mesure où il n’y en a pas. Mais c’est usant car on se sent irrités par toutes les petites choses au lieu de les laisser glisser et de voir les belles choses. C’est une spirale infernale.

Alors on va se reprendre. Peut-être pas aujourd’hui mais demain ou après-demain, …, au plus tard le 23 quand on quittera la Chine!

Pour l’heure, il est temps de partir pour Pingyao en bus et cela mobilise un peu d’énergie. Tous les hôtels de Pingyao étaient complets lorsque nous avons fait nos demandes mais l’auberge de Xi’an nous assure qu’ils ont pu nous trouver quelque chose pour 4 à Pingyao. Il n’y a qu’à téléphoner au propriétaire avant d’arriver pour qu’il vienne nous chercher.

Le voyage en bus avec Louis sur les genoux se passe plutôt bien. Cela rappelle l’Amérique du Sud et 7 heures, c’est vite passé! Pour une fois, le bus fait une pause dans une station service et cela nous permet d’acheter des nouilles! Les petits films de guerre genre boucherie, ou de tremblements de terre genre charcuterie, font agréablement passer le temps.

06 Xi'an - Route vers Pingyao 02

Arrivant aux alentours de Pingyao, nous demandons au chauffeur d'appeler l'auberge pour les prévenir de notre arrivée. Bonne idée car le chauffeur passe un péage, nous dépose sur le bord de la route puis redémarre dans l'autre sens. Quelques minutes plus tard, un gars s'approche de nous avec un téléphone à la main et nous le tend. A l'autre bout du ... faisceau satellite, une voix anglaise nous demande de suivre cette personne et de faire le trajet en voiture avec lui. Cela fait un peu film d'espionnage mais je doute que quelqu'un ait pu nous confondre avec une équipe d'intervention du Mossad. Ou alors un aveugle. Sourd en plus. La voiture se gare dans les murailles de Pingyao puis nous finissons à pied à travers les petites rues.

Nous n'avons pas le temps de poser nos sacs que l'argent des 2 nuits a déjà changé de mains et qu'on nous invite à voir notre chambre. Même au bout de 9 mois, on arrive à se faire avoir et à payer une chambre sans l'avoir vue; c'est dire le niveau de fatigue. Au bout du second patio, joli par ailleurs, nous découvrons la chambre qui fait la joie des enfants et met à genoux les parents.

07 Pingyao - Auberge 02

Une petite pièce mais assez grande pour contenir un lit dans lequel nous dormirons à quatre. Il faut entasser les sacs les uns sur les autres pour marcher au bord du lit et atteindre la douche de 80cm sur 100cm, qui est putride et sent bon la mycose. Le lit, c'est du traditionnel imité. Il est donc en brique, recouvert d'un fin matelas. Eut-il été vraiment traditionnel, il y aurait eu une petite trappe permettant de faire un feu sous le lit pour les nuits d'hiver un peu rigoureuses. On appelle cela un "kang" en chinois ou un "prends ça dans les lombaires, particulièrement si tu as une sensibilité sur les L5-S1" en français (oui, je n'ai pas de sixième lombaire, comme me l'a fait remarquer une lectrice avertie).

07 Pingyao - Chambre 01

Pour la taille de la chambre, je crois qu'on a déjà fait plus petit pendant le tour du monde. Pour l'état de la salle de bains, il y a peut-être cette chambre pourrie de Isla Grande dans laquelle nous sommes restés une nuit. Et encore. Mais bon quoi! Nous avons une chambre, c'est déjà cela!

Pour commencer doucement la journée, ou plutôt pour la finir, nous nous baladons dans les quelques axes de la vieille ville qui ont été refaits. Jolies tours, maisons retapées et patios accueillants, une foule de chinois bien sûr. La marche est assez agréable même si le nombre de rues touristiques est assez limité.

La nuit est ... familiale.

07 Pingyao - City tower 03

Après l'école le lendemain et des jeux dans la rue, nous allons justement nous promener dans les autres rues, celles qui n'ont pas été refaites, celles dans lesquelles habitent les locaux.

07 Pingyao - Ecole   07 Pingyao - Ville 14

Là, c'est une toute autre ville qui s'offre aux regards. Une ville moyenâgeuse qui fait son âge, sale, en ruine, de petites ruelles et des petites pièces dans lesquelles les gens s’entassent. Elle perd de son charme, et bien vite elle attriste, car certains coins sont vraiment laissés pour compte, échappant aux regards et donc à la reconstruction et offrant des abris précaires, à quelques tours de roues des hôtels cossus qui font diversion.

07 Pingyao - Ville 42

07 Pingyao - Ville 43   07 Pingyao - Ville 12

Ce ne sont pas juste des quartiers populaires, ce sont des quartiers fatigués, usés, désolants.

L'après-midi, nous visitons de nouveau la partie émergée de l'iceberg, les maisons traditionnelles, les premières banques, les temples.

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Puis nous reprenons un peu de hauteur et parcourons les remparts, en observant la ville de haut. 6 kms de long, 10m de haut, 72 tours de guet, édifiée en 1370, cette muraille permet aux enfants de s'amuser un peu, de courir et de repousser les envahisseurs Mongols.

07 Pingyao - Remparts 02   07 Pingyao - Remparts 01

07 Pingyao - Remparts 09

07 Pingyao - Remparts 11

Le soir, nous nous occupons du transport du lendemain. Nous voulions passer par Datong pour rejoindre Pékin, mais une étape de plus ne sera pas supportable, il faut couper et rejoindre directement la capitale. Cela fait trois semaines que nous courons; nous sommes en train de faire en 4 semaines le programme que nous avions prévu de faire en 8 semaines (avant que notre visa soit limité) et il faut être un peu plus réaliste sur les étapes.

Nous n'arrivons malheureusement pas à avoir de train de nuit pour Pékin, le bus va être trop long donc nous nous décidons pour un trajet en bus jusqu'à la capitale de la province (Taiyuan) puis pour un train express jusque Pékin (oui, oui, un Pékin Express). Moyennant une grosse commission à l'auberge, nous obtenons nos billets en avance.

Demain c'est Pékin ou Beijing et bientôt, c'est la rencontre avec la famille Milcent, avec qui nous discutons un peu par mail depuis l'Amérique du Sud, mais que nous n'avons pas encore réussi à croiser! Ils ont croisé les Lellu, les Fourcade et ils ont gardé le meilleur pour la fin! Qu'ils ont de la chance! Comme ils sont logés chez des amis, nous voulons faire jeu égal et nous louons un appartement à Pékin.

Il paraît qu'à Pékin, à part voir les Milcent et leurs 4 enfants, il y a 2 ou 3 trucs à faire pour occuper les 7 jours que nous allons y passer. Faut voir!

13 mai 2011 5 13 /05 /mai /2011 08:39

Xi'an 西安

L’aéroport de Xi’an est assez loin de la ville mais cela ne va pas durer très longtemps. Pour l’instant, une ceinture de centrales thermiques et d’usines fait hésiter les promoteurs mais, franchement, c’est joué d’avance. A 10 kms de la vieille ville, au niveau du cinquième périphérique, les grues font leur apparition. Ce sont des milliers (oui, oui, des milliers) de tours HLM qui sont en train d’être construites sur le même format: 30 à 50 étages, grises, serrées. On en a comptées plus d’une centaine sur le bord de l’autoroute (l’attrait de la vue sûrement) mais l’horizon se perd en tours et grues de tous côtés. 

Je relis le guide pour être sûr de notre destination. J’ai pu me planter sur les signes! Non, non, c‘est bien « bain de pied et sirtaki ». C’est pourtant une des plus anciennes villes chinoises (plus de 3100 ans) et une des 4 grandes anciennes capitales. On a trouvé dans les environs un homme de plus de 500 000 ans. Y a du lourd côté histoire. Elle fut le siège de dynasties prestigieuses, les Qin bien sûr (les premiers) et les Qing (les derniers), mais aussi les Han et les Tang, la quintessence de l’art chinois, quoi! C’était la fin de la route de la soie, une ville de commerce internationale à l‘époque déjà. En l’an 600, c’est la plus grande citée du monde et son mur d’enceinte le plus grand protège 84km² d’habitations. C’est unique en Chine.

C’est pas faux, c’est la ville la plus moche que nous ayons jamais vue, et ce n’est pas encore fini! Elle compte déjà 8,5 Millions d’habitants, alors soit ils ont tous prévu de déménager, soit ils ont prévu de doubler la population à court terme. J'en reste baba, incapable de prendre une photo de cette monstruosité.

Xi'an est une zone en explosion économique, avec des coûts salariaux moitié moindres qu'à Pékin, irriguant de nouveaux diplômés des 100 universités des environs les industries des télécom, du jeu, du spatial, de l'outsourcing, ...

Brusquement, on arrive à la vieille ville, avec son mur d'enceinte gris (construit sous la dynastie Ming en 1370). Cela va être la libération, les murs vont nous protéger des tours de HLM. Plus ou moins. Le centre de la ville a été dévoré par les centres commerciaux. Mais c'est mieux quand même!

Nous arrivons à l'auberge de jeunesse, longue et basse en style traditionnel, avec une énorme chambre qui nous attend.

 

06 Xi'an - Auberge

Les enfants s'enfuient en courant car ils ont repéré un billard, une table de pingpong, des jeux de bois, ... Ce qui me laisse le temps de repartir en ville trouver la gare ferroviaire pour assurer l'achat des billets de train de nuit pour Pingyao, la prochaine étape vers le nord. Je pars armé, avec les idéogrammes pour dire (montrer) "enfants", "soft sleeper", la date et tout et tout. Après une file d'attente stalinienne et mon sketch même pas marrant à la vendeuse de billets, je m'entends répondre qu'il n'y en a plus avant plusieurs jours. Est-ce que je veux voyager assis de nuit à la place? Euh, je vais réfléchir et en parler à ma femme, au cas où je répondrais le mauvais truc!

A coups de menaces de mort, nous arrivons à dé-scotcher les enfants pour aller manger en ville. Nous nous promenons au centre ville, dans le quartier musulman, ce qui provoque des convulsions chez Virginie. Etre entourée d’autant de stands de viande de mouton, c’est une mauvaise entrée en matière pour le diner. Nous jetons notre dévolu sur (traduire: nous rentrons à reculons dans) une cantine chinoise. J’allais dire enfumée, sale et bruyante mais c‘est redondant, « cantine chinoise » donne une idée précise. Je ne vais pas vous mentir, ce n'est pas le meilleur repas de notre vie et je vais jeter un voile pudique sur les affres de cet évènement.

Le lendemain, c'est école puis départ pour le site de découverte de l'armée enterrée. Une heure de route qui laisse admirer les talents d'artistes s'épanouissant dans la région. Il y a une école d'architecture et un centre de recherches en architecture industrielle près de notre auberge. On dirait que certains ont séché les cours.
Un bon déjeuner sur le parking devant le musée de l'armée enterrée (non je rigole) et nous sommes d'attaque. 

Le site est sûrement exceptionnel, sinon, il n'y aurait pas 500 bus stationnés sur le parking. Après une longue marche, nous pénétrons dans les hangars d'excavation, et là on peut voir ça:

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Si vous êtes suffisamment baraqués, vous pouvez assommer un guide (ce qui n'est pas plus mal, parce qu'ils sont très bruyants avec leur petit micro sursaturé) et jouer des coudes pour atteindre les barrières.

La vue change un peu:

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Alors c'est vrai que sur la photo cela paraît grand, mais en fait c'est énorme. Cette photo a été prise à 30 minutes de la fermeture, alors que ça se vidait, sinon c'est une fourmilière.
2000 statues et 2000 personnes autour. Cela fait un peu de bruit quand même, si, si!
Et bien, malgré cela, à l'autre bout du hangar, je pouvais entendre des "Théo, Théo, mais attend-moi j'ai dit !". Non, non, je n'ai pas honte. La honte due à nos comportements est une notion toute relative, que nous avons largement recalibrée en Chine.

Le tour de la zone d'excavation numéro 1 permet d'avoir une vue d'ensemble, de profiter de toutes les perspectives de ces guerriers alignés. C'est un travail d'excavation toujours en cours et les archéologues travaillent sous l'objectif des touristes.

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Les petites vagues que l'on voit entre les tranchées de soldats, c'est le toit, fait de rondins et recouverts d'une toile, qui protégeait l'armée il y a plus de 2000 ans. Cette chape a été incendiée, s'est écroulée, s'est enlisée, et le travail de reconstruction est gigantesque. Il suffit de visiter le puits numéro 2 pour s'en rendre compte; c'est un puzzle de plusieurs kms², et franchement, difficile de croire qu'ils finiront un jour.

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Nombre de statues sont malgré tout en superbe état et permettent d'admirer la finesse du travail qui a résisté au temps. En terre cuite (au four, à 900°C, ting!), mesurant près de 1,80 m à 2 m, possédant chacun une arme (arbalète, arc, sabre, ...), chaque visage est unique; les postures, les coiffes, les vêtements sont codifiés selon le grade et le corps d'arme. Il y en aurait plus de 8000.

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Le musée attenant les puits d'excavation permet aussi d'admirer des bronzes (statues, chariots, vasques, sculptures, ...) qui ont été retrouvés sur le site. Ce musée permet de dépasser la seule vue de l'armée enterrée et de prendre la mesure de l'importance du site. Depuis la grande découverte des fosses n° 1, 2 et 3 remontant à quelques dizaines d'années, les archéologues en ont trouvé de nouvelles qui ont été mises au jour. L'une d'elles contient des milliers d'armures en pierre d'une grande finesse. Une autre, appelée la « fosse aux juges », présente des notables, des scribes, probablement des hommes de loi. La dernière découverte en date, la fosse n° 4, fouillée récemment (vers 2004), contient des musiciens et une grue longeant un ruisseau factice.

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Il faut dire que le site sur lequel se trouve l'armée enterrée appartient plus largement au mausolée du premier empereur, l'empereur Qin Shi Huangdi, celui a donné son nom au pays, à unifier les provinces, les monnaies, les systèmes de mesure, ... au IIIème siècle av JC. L'armée n'est pas le seul trésor disposé ici. Il semblerait que l'empereur ait souhaité être entouré, jusque par-delà la mort, de toutes les choses qu'il aurait appréciées de son vivant et d'avoir des moyens pour affronter l'éternité. Cela inclut ses 48 concubines qui ont été enterrées vivantes à ses côtés lorsqu'il est mort.

La tombe elle-même n'a pas encore été fouillée. L'État souhaiterait en effet attendre le développement de technologies qui garantissent que le contenu, en particulier la momie de l'empereur, ne subira aucun dommage. De plus, les archéologues chercheraient à s'assurer que les pièges et les trappes équipées d'arbalètes, installées, pense-t-on, par l'empereur pour protéger sa dépouille des pillards, ne constituent pas un danger.
Selon les sources historiques, elle contiendrait, outre le corps de l'empereur, une reproduction de son empire, avec des rivières de mercure coulant éternellement, et un plafond constellé de perles, pour représenter la voûte étoilée. L'édification de la nécropole sur 56 km² a nécessité trente-six ans d'ouvrage, avec une main d'œuvre de quelque 700 000 personnes. Comment a-t-il aussi trouvé les moyens de faire construire la première grande muraille à la même époque?

Bon, tout ça, c'est bien joli, mais nous n'avons pas vraiment apprécié la visite. Trop de monde, une marée humaine. Les enfants tout le temps en train de se faire aggriper, photographier. 4 animaux de cirque en visite au musée, les chinois ne savaient plus ce qu'ils devaient regarder, les statues ou les 4 monstres. Avec la fatigue, notre seuil de tolérance était en train de s'abaisser dangereusement et le choc culturel à retardement de produire ses effets.

Le lendemain, nous bâtissons notre cité interdite dans l'auberge et nous retranchons à l'abri des regards, copiant tous les secrets des empereurs chinois en matière de bien-être (à part les concubines). Nous faisons tout de même une sortie ciblée pour bien manger (réussie), puis j'en tente une autre pour aller acheter des billets de bus pour le lendemain. Je sors victorieux et grandi de cette épreuve, ramenant 2 billets plein tarif, un billet demi-tarif et une exemption de billet pour Louis pour le bus de 8h. Cette victoire est de courte durée. Lorsque le regard perçant de Virginie me cloue sur place, les mots tombent comme des pierres et m'écrasent: "tu n'as pas de billet pour Louis, il n'aura pas de place attribuée". La portée de ces paroles est dévastatrice; je comprends que je vais passer les 7 heures de trajet avec Louis sur les genoux. Je me roule en boule pour le reste de la journée.

10 mai 2011 2 10 /05 /mai /2011 11:23

Yangshuo

 

Lorsque l’on quitte les montagnes du Nord de Guilin, il y a assez de place pour mettre un aéroport avant que les pics ne reprennent le terrain. Toute la route vers Yangshuo est bordée par des colonnes de karst et, lorsqu‘il y a un peu de plat, par des rizières.

L’arrivée se fait après un défilé qui cache la ville et c’est très inattendu. Enfin, c’est plutôt le côté tristounet de la ville qui est inattendu. C’est une ville éminemment touristique, avec un décor spectaculaire, mais qui ne respire pas la beauté et l’esthétisme. Lorsqu’on lève la tête, à droite, à gauche, au milieu, partout, on est surveillé par un pic rocheux. C’est beau et plaisant. D’autant qu’ils sont couverts de verdure. La verdure, on la doit à la pluie qui domine le climat tropical de la région et qui rend les habitations lugubres. A part une rue piétonne pleine de touristes, le reste peut être vite oublié.

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Nous avions réservé quelque chose à l’écart de la ville, une vieille ferme retapée à la campagne. Ouais, je sais! Une vieille ferme retapée, c’est comme cela que la plupart des gens vendent leur investissement raté dans une maison de campagne pourrie. Ils insistent sur le côté retapé parce qu’ils y laissent temps et argent, et n’importe quel visiteur voit tout de suite que c’est surtout une vieille ferme.

Ben là, c’est pareil. Le charme de la vieille ferme en pleine nature n’a pas tenu 5 minutes. Trop d’animaux pour commencer. Des petits avec des grandes trompes, assez petites pour les planter dans la peau, faisant un bruit de mobylettes près des oreilles: des moustiques quoi! En plus, pour 2 fois le prix d’une chambre pour 4 en ville, on n’avait même pas la bouilloire, ce qui est impensable en Chine. On avait à peine posé les valises qu’on regardait où déménager. Nous y sommes tout de même restés 2 nuits pour 2 raisons. D’abord parce que les enfants ont pu jouer 2 jours avec 3 grosses caisses de Lego et Playmobil et que, en tant que parents généreux, nous ne pouvions pas leur enlever ce plaisir à ce stade du tour du monde. En clair, on pouvait les laisser 8 heures de suite sans qu’ils nous agressent, et cela n’avait pas de prix. La deuxième raison était que le restaurant était plus que correct et que manger sans peur 1 ou 2 repas par jour, même si c’est le même plat, c’est très reposant en Chine. Nous avons quand même déménagé pour la troisième nuit pour une chambre à moitié prix en ville pour équilibrer les comptes.

Après une soirée de folklore hispanique, à claquer des mains en cadence dans la chambre pour écraser des moustiques et une nuit bercée par les courants d'air qui traversent la chambre, le matin est marqué par des pluies diluviennes. L’école terminée, c’est l’éclaircie, le plan sans accrocs quoi! Le temps de s’énerver à essayer de régler des vélos sans clé adéquate (mais pourquoi est-ce que les loueurs de vélos n’ont jamais de clé, alors qu’ils ont 40 vélos, et alors que tout possesseur de 1 vélo a une clé), il est trop tard pour se lancer dans la grande balade jusqu’au pont du dragon. Quoi que … Comme il fait beau, nous aurions tort de ne pas essayer, quitte à manger en route.

C’est donc parti, Louis assez mal à l’aise sur un vélo trop grand, le long de la rivière Yulong, à travers des villages et des rizières.

Il faut le dire sans détours, c’est magnifique. Les pics, dans la brume, sur plusieurs plans, créent un cadre féérique. Comme d’habitude, les rizières et les travaux des champs nous obligent à nous arrêter pour regarder.

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Il y a bien sûr des moments de doute en voyant zigzaguer Louis dangereusement entre 2 rizières inondées mais, au global, le chemin aller vers le pont du dragon se passe plutôt bien, à pied parfois quand même.

La vue depuis le pont est en revanche assez inquiétante. La brume laisse place à de gros nuages en amont de la rivière et, si l'on regarde vers l'aval, les nuages remontent au pas de charge.

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Pas de restaurant en vue donc la seule solution est de rentrer en 4ième vitesse à l'hôtel avant que la cuisine ne ferme.

Nous avons à peine fait 50 mètres du chemin de retour que la première goutte s'écrase sur le sol. Sans mentir, la roue n'a pas le temps de faire 2 tours que nous sommes trempés jusqu'aux os. Un baquet d'eau se déverse d'un coup; même les slips sont instantanément trempés et Virginie remporte sans conteste un concours de T-Shirt mouillé.

La route est pleine de trous profonds qui se remplissent d'eau. C'est maintenant la surprise tous les mètres: y a-t-il un trou qui va bloquer la roue dans cette flaque? Nous progressons tant bien que mal sur la route, puis à travers des chemins glissants. Les rizières débordent, Louis se fait plusieurs peurs bleues en évitant de justesse le plongeon fatal, et moi qui le suit, je me mange les dents tellement j'angoisse. Nous pédalons avec de l'eau jusqu'aux chevilles dans des chemins de rizières, ou peut-être déjà dans la rizière elle-même. Au bout d'une demi-heure de ce régime, nous faisons halte sous un toit mais le temps ne change pas et il passe vite; la perspective d'un repas chaud s'éloigne. Nous repartons donc en nous perdant dans des chemins qui ne mènent nulle part, dans des ruelles de village, et même sur les routes détrempées. Au bout d'une heure, la pluie est tellement forte qu'elle fait mal aux mains quand elle les pilonne. L'orage se met à gronder au-dessus de nos têtes et les éclairs claquent. C'en est trop! Louis est en sanglots, il ne veut plus avancer, il voit trop qu'il va tomber et les éclairs le font trop sursauter. Je laisse donc Virginie et Théo partir devant afin de commander un repas s'ils y arrivent et je m'évertue à calmer et réconforter Louis. Un bon gros calin sous la pluie, ça fait du bien et ça réchauffe.

Nous slalomons comme nous pouvons pendant une dernière demi-heure et arrivons enfin à l'hôtel. Il n'y a plus d'électricité, donc pas de lumière ou d'eau chaude dans nos chambres noires. Nous prenons quand même une douche froide, faisons un tas de fringues ruisselantes dans le lavabo, mettons des vêtements chauds et nous rendons au restaurant pour reprendre des forces. 15 minutes plus tard, les enfants jouent aux Legos et ils joueront jusqu'au soir!

Bilan: une belle balade à vélos quand même, une balade sur l'eau pour le même prix (comme cela on n'aura pas à faire la descente en radeau de bambous), le plus gros orage que nous ayons jamais vécu et des souvenirs qui vont avec. Pas de photo ou de vidéo malheureusement mais un appareil qui a miraculeusement survécu dans le sac plein d'eau.
Au même moment, 500 kms plus bas, au milieu de formations karstiques, une embarcation prend vraiment l'eau, une jonque vient de nouveau de couler en baie d'Halong (sans victime cette fois). On s'en sort bien!

En fin d'après-midi, pendant une courte éclaircie, je retourne faire des photos du parcours mais je suis incapable de le retrouver. Nous avons pris tellement de petits chemins qui se ressemblent que je me perds. Les routes sont coupées par la rivière qui a débordé et il faut que je me lance à vitesse maximale pour passer.

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Je me prends à rêver d'un coucher de soleil sur les pics, mais les nuages reviennent vite et j'ai juste le temps de rentrer avant le retour de la pluie.

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Le lendemain, nous changeons lentement d'hôtel pour retourner en ville. Nous essayons de partir en radeau de bambous sur l'eau mais les pluies de la veille ont effectivement fait déborder les rivières, les activités sont au point mort.

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La proposition d'une balade en vélos ne fait rire personne. Bon, alors va pour une balade à pied en ville, à regarder les chinois jouer aux cartes. Ils jouent au Zi Pai, avec un jeu de cartes très particulier que nous nous empressons d'acheter mais auquel nous ne savons pas jouer. Peu importe, les enfants inventent des règles.

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Nous passons la soirée en ville et nous préparons pour le voyage du lendemain, qui commence tôt par un avion pour le centre du pays. Nous partons pour Xi'an, célèbre pour son armée souterraine.

A l'aéroport, nous assistons à une scène vraiment révoltante. Et là, j'aimerais que les personnels d'Airbus se mobilisent en masse. Il faut avertir Andrea Debanne, la responsable de Airbus Brand & Image! Il faut envoyer des navy seals! Des gens non autorisés font prendre des photos devant un poster d'Airbus A380 et les vendent aux pauvres victimes innocentes! Il faut arrêter cela vite fait! D'autant que j'ai eu beau arguer que je faisais partie de la maison, comme je n'avais pas mon badge, ils voulaient me faire payer le plein tarif!

05 Guilin - Aéroport

7 mai 2011 6 07 /05 /mai /2011 15:30

Pingan

Une fois posés à Guilin, il nous faut encore un bon bout de temps pour rejoindre l’auberge car l’aéroport est assez éloigné. Cela nous permet de découvrir les environs de la ville qui sont assez spectaculaires. Les formations karstiques (voir article Khao Sok en Thaïlande) arrivent jusqu’en ville. L’auberge est située prés de la gare de bus et de train, c’est-à-dire dans une zone peu engageante. En revanche, la chambre n’est pas trop mal, il y a un billard et un bon resto, des jeux pour les enfants et les filles à l’accueil sont sympas. Pour une nuit de transit, ce sera parfait.

Le vendredi matin (cela ne veut rien dire pour nous parce que nous ne savons jamais quel jour nous sommes, je le découvre en écrivant le blog), nous refaisons les bagages et prenons un bus pour aller à la gare de bus pour attraper un premier bus pour Longshen puis un autre bus pour Ping’An. Au bout de 2 heures, nous sommes à Longshen et c’est l’heure de la pause déjeuner. Un petit tour dans le dépotoir qui sert de gare de bus, une visite éclair des toilettes qui sont au niveau (je me demande si les toilettes en Chine ne justifieraient pas un article! Si vous insistez, j’en ferai un avec des photos!), une incursion dans les échoppes avoisinantes pour acheter bananes, crackers, coca, muffins (le repas des champions), et hop on saute dans le nouveau bus. Ping’An, cela s’écrit ombrelle et sirtaki (平安) et il faut 90 minutes de plus pour y aller. C’est le village le plus proche, sûrement pas le plus authentique malgré ses 600 ans mais avec tout le bus qu’on vient de faire ces derniers jours, on se contentera de Ping’An.

La route monte dans une gorge magnifique, plantée de bambous et d’arbres qui offrent toute la palette des verts. Avec la pluie fine et la brume, on se croirait dans “Tigre et Dragon”, lors de la bataille finale entre Jiao long et Li Mu Bai, marchant sur les bambous dans le vent.

Arrivés au parking de Ping’An et ayant payé la taxe d’entrée, il faut encore marcher avec les sacs pendant 300 mètres jusqu’à un pont, puis monter des centaines de marches pour atteindre le village 200 mètres plus haut.

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Autant dire qu’avec 23 kilos sur le dos et 22 kilos à bout de bras, je ne me vois pas faire tous les hôtels avant de me décider. Virginie, qui porte ses 18 kilos (de bagage hein, sinon, il y a un peu plus) et Théo qui porte 7 kilos, ne font pas les fiers non plus. Nous mettons un point d’honneur à ne pas succomber à la tentation des porteurs: de frêles femmes de 70 ans qui partiraient en courant alors que nous trainerions nos langues par terre, et c’est ridicule car nous arrivons en haut complètement exténués! Nous négocions une belle chambre dans un hôtel du haut, déposons les sacs, et zou, nous partons en balade.

La balade commence par monter et nous y allons mollo car il manque un poumon et une jambe à tout le monde et c’est plus compliqué pour grimper. Bon, là, il faut que je vous refasse le petit couplet sur les saisons, comme quoi ce n’est pas la bonne saison et tout et tout. En hiver, les rizières étincellent de neige, au printemps, elles sont inondées et sont replantées et reflètent le soleil, en été, les jeunes poussent d’un vert éclatant éblouissent, en automne, la couleur fauve est digne des savanes africaines. Et là, on est juste avant le moment où elles vont être inondées, c’est le moment de la consolidation avant la plantation, pas la meilleure saison donc, car en plus il y a de la brume avec la chaleur. Eh bien, malgré tout, c’est absolument magnifique! Bon, là, il y a les enfants qui gênent mais il faut imaginer sans!

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On les appelle les rizières de la colonne vertébrale du dragon car le haut de la montagne ondule comme la colonne vertébrale tandis que les rizières constituent les milliers d’écailles sur 500 mètres de dénivelé. Elles ont été construites il y a 500 ans sous la dynastie Ming et sont entretenues soigneusement depuis. C’est surement très beau au soleil, mais c’est pas mal avec de la brume aussi, il fait moins chaud.

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Nous voilà donc partis pour quelques heures de balade très agréables dans les rizières, 200 fois la même photo de courbes vertes vues du haut. Théo va même faire des vidéos de rizières. C’est assez pointu comme reportage.

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Tout se ressemble et pourtant ce ne sont jamais les mêmes!

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En haut, on peut aussi croiser des femmes Zhuang aux longs cheveux (1,50 m) qui les portent traditionnellement en coiffes élaborées.
Contre monnaies sonnantes et trébuchantes, elles défont et refont leurs coiffes. Sinon, elles tradent sur le dollar en attendant le touriste (d'après elles, il faut acheter vite car l'Euro va baisser sous les 1,4).

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On rencontre aussi des gens qui travaillent aux rizières bien sûr et le courage nous manque un peu pour aller les aider.

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C'est un bon après-midi de balade qui nous vide des quelques forces qui nous restaient.

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Un bon repas et une bonne nuit là-dessus et cela fait une bonne journée. Je voudrais quand même attirer l’attention sur une particularité des coqs locaux (ils sont foison) qui se sont répartis en 2 camps. A l’Ouest, ceux qui chantent toute la nuit et qui se taisent au matin. A l’Est (logique), ceux qui prennent le relais aux premières lueurs et font taire les autres. Je conseille un hôtel au centre pour bien profiter de cette incongruité.

Cela permet de se réveiller pour le lever du soleil et d’aller faire de magnifiques photos de rizières embrasées par l’astre divin. Enfin, j’imagine, parce que quand la deuxième équipe de coqs a pris le relais, la brume aurait pu faire croire que nous flottions sur les nuages. 2 heures plus tard, nous étions tous levés mais la brume, non. Pour la joie de tous, il y avait un plan B: faire une séance d’école. Les plans B, c’est toujours moins bien en apparence. Parfois, c’est véritablement moins bien!

L’école finie, il est l’heure de partir, pour prendre un bus pour Longshen, puis un bus pour Guilin, puis un bus pour Yangshuo. A ceux qui se posent la question, la réponse est oui, on cherche par tous les moyens à passer nos journées dans le bus.

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Pour la descente, en dépit du bon sens, nous optons pour faire porter 2 de nos sacs. Seulement, arrivés au bus, avec encore un sac sur le dos et étant obligé de me pencher pour mettre un autre sac à bout de bras dans le coffre du bus, je me flingue le dos! Contracture classique des lombaires (L5-L6), la meilleure pour les voyages en bus, et je m'y connais!

Pour la suite, nous optons pour un schéma aussi classique: bus de 11h à 12h15, débarquement en urgence du bus pour une montée express dans le bus suivant et donc pas de moyen de s’acheter un repas, déjeuner des restes du matin: une banane, un petit bout de brioche, un paquet de céréales pour Louis (en douce) … Dans l’urgence, nous montons dans le bus sans avoir de vraies places et je me retrouve assis sur un petit tabouret au milieu du bus et Louis sur les genoux de Virginie (en payant plein tarif évidemment). A Guilin, nous changeons de gare de bus et en profitons pour finir notre bon déjeuner en ajoutant un muffin avant d’embarquer pour Yangshuo.

Dire qu’en Amérique du Sud nous pestions contre les sandwichs jambon-fromage que nous avalions tous les midis! Aujourd’hui, lorsque l’un de nous évoque ce souvenir, les larmes amères coulent!

5 mai 2011 4 05 /05 /mai /2011 14:20

Shangrila

La route vers Zhongdian (Shangri-La) ne passe pas par la gorge du saut du tigre, un canyon de 2000 mètres de profondeur (une des très belles randonnées du  Yunnan mais trop difficile). Cela protège momentanément l’environnement. Pas pour longtemps car une énorme route sur pilonnes est en train d’être construite à travers la gorge. Des barrages sont aussi en planification histoire d’inonder des villages.

La route emprunte la vallée parallèle qui alterne rizières et champs de fraises.

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A la pause, nous allons en acheter pour le gouter, ainsi que quelques autres victuailles pour le déjeuner! Alors, au menu ce midi dans le bus: brochette de patates graisseuses mais pas cuites (miam!), pomme, madeleines pas très bonnes  … c’est tout. Cela tient au ventre et c’est tant mieux parce que la route commence à tourner et à monter sévèrement.

Nous abordons le haut de la vallée et les pics blancs commencent à gratter les nuages.

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Une heure plus tard, c’est l’arrivée sur le plateau à 3300 m et le monde change radicalement. Plus de végétation mais des étendues brunes que la neige vient de délaisser. Un petit froid vif qui balaye la plaine, poussé par le vent. Des habitants plus basanés, montés sur de petits chevaux, avec des coiffes colorées, qui mènent des troupeaux de vaches et de yaks. Des stupas blanches et des petits drapeaux partout.

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Bienvenue au Tibet, enfin pas loin du Tibet! Pour nous, c’est comme un retour au Népal.

Il fait beau quand nous roulons dans le bus et au bout des 5 heures de route, il pleut quand nous arrivons en ville.

Nous nous faisons déposer en ville et je pars inspecter les auberges recommandées par le Lonely. Virginie et les enfants sont installés dans un café où règne un poêle à bois qui maintient la température à 25°C tandis qu’il fait 4°C dehors. C’est le printemps à Shangri-La, la neige a disparu, les routes sont ouvertes, la température est remontée à 4°C.

Je fais le choix d’une auberge dans la vieille ville dont les chambres ont l’air plus chaudes que dans l’autre (il n’y a pas de chauffage dans les hôtels de la ville, c‘est le printemps), malgré leurs fenêtres ouvertes.

En fait, une fois installés, nous nous rendons compte que les fenêtres des chambres étaient ouvertes lorsque je suis passé pour une raison évidente: les lits viennent d’être lasurés et l’odeur de verni est prenante. Heureusement que je n’ai payé qu’une nuit au lieu des trois car nous ne resterons pas ici. Nous ressortons vite pour visiter un peu la vieille ville sous la pluie et chercher une autre chambre pour le lendemain. En sortant du restaurant, nous passons par la place centrale où les gens du village ont entamé une danse. Pas pour les touristes (il n’y en a pas beaucoup) mais pour eux. Cela met de bonne humeur et cela réchauffe.

La nuit est froide mais les couvertures chauffantes font de l’effet. Le pire reste l’odeur qui donne mal à la tête et nous empêche de nous endormir.

Après avoir opéré le changement d’hôtels (vers l’auberge de jeunesse toute neuve), nous abattons l’école puis allons nous promener sous la pluie fine. Nous traversons la vieille ville et ses ruelles en pente, ses maisons en bois et ses petits drapeaux pour aller vers un temple qui surplombe les environs.

 

 

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Une petite grimpette glissante nous amène jusqu’au site que nous visitons dans le sens des aiguilles d’une montre, pendant que les moines psalmodient dans les volutes d’encens.

Le site compte aussi un édifice bien pratique: un moulin à prière géant, qui contient des dizaines de milliers de petits moulins sur lesquels sont gravées des centaines de milliers de prière, si bien qu’un tour du grand moulin envoie d’un coup 12,4 milliards de prière (exactement). Pour bien faire, il faut faire faire 3 tours au moulin.

Pas facile quand même.

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Aux abords de ce temple, il y a aussi 2 musées. Un à la gloire de la grande marche des camarades de l'armée rouge de libération, brisant en passant les chaines de l'oppression de leurs frères tibétains éternellement reconnaissants. La marche n'a pas eu l'air d'être facile dans la région. L'autre musée "s'intéresse" aux ethnies locales et présente leurs costumes, quelques rites et dédie un étage aux médecines traditionnelles où il est possible de demander une consultation. Pas de chance pour nous, des groupes de chinois font la queue! Voyons le côté positif, cela nous évitera de devoir avaler de la bave de grenouille.

La pluie et le froid ont raison d'une partie des troupes qui rentre à la base pour se réchauffer, faire de l'internet, jouer aux cartes. Je pars alors en reconnaissance en escaladant à travers champs la colline qui surplombe la ville pour avoir un peu de vue.

Sur le chemin, je croise un chörten coloré et un temple désert.

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La vue est en revanche plutôt bouchée. Je décide de couper à travers champs (qui descendent et qui glissent) et rues pour atteindre l'autre côté de la cuvette où trône un étrange bâtiment, sûrement un monastère.

Les quartiers que je traverse ne sont pas les plus reluisants de Shangri-La et je croise autant, si ce n'est plus, de vaches que d'habitants.

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Au bout de 5 kilomètres sous la pluie (j'avais mal calculé), j'atteinds enfin cet édifice imposant, bas, au style tibétain, qui n'est autre que ... le stade de foot, autre lieu de ferveur religieuse.
Une heure plus tard, je suis de retour à la maison, gelé, trempé, à temps pour aller manger.

Le repas n'est pas mauvais mais je n'ai pas faim, je ne me sens pas très bien en fait et je quitte le restaurant. La nuit suivante, je joue au yéti dans la salle de bains en faisant des bruits effroyables. C'est un jeu marrant et je joue toute la nuit.

Au matin, comme il fait plutôt clair, nous nous poussons dehors malgré la mauvaise nuit et allons visiter le monastère qui se trouve à quelques kilomètres au nord de la ville. Ce monastère, dont on dit qu'il vaut à lui-seul le déplacement jusque ce lieu reculé qu'est Shangri-La, est vieux de 300 ans et abrite 600 moines. C'est le plus important monastère du Sud-Ouest de la Chine. Nous nous préparons à un moment intense dans la salle commune au milieu des prières et nous briefons les enfants sur les consignes de silence. Le ticket d'entrée est passé de 30 à 85 yuans pour une raison, pas évidente au début, mais frappante à l'approche du site.

L'augmentation du ticket finance les travaux. Finis les murs centenaires en boue séchée, vive le béton! La moitié de la ville monacale est en travaux, si bien que les rues sont difficilement navigables. La salle commune est un gros chantier de grues. Les moines sont invisibles. Quelques chapelles déjà refaites annoncent la couleur (vive). Qu'importe l'histoire, vive le tourisme clinquant.

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Atteignant la fin de ma courte autonomie physique et épuisant les dernières gouttes de compassion à l'égard des gardiens du patrimoine chinois, nous rentrons en ville, déçus.

Pendant que je simule un coma dans mon lit, Virginie emmène les enfants manger puis leur fait l'école avant de les divertir avec un dessin animé. Dehors, toujours 4°C et du gris, pas trop envie de se balader.
Le soir, pendant que je me régale d'un riz blanc réchauffé, Virginie et les enfants se font un resto puis la traditionnelle danse de rue (tous les 2 jours). Encore quelques jours ici et ils pourront danser aussi. Mais bon, encore quelques jours ici, et ils seront bons pour une déprime profonde.

Le lendemain matin à l'aube, nous expliquons avec force gestes et interjections à un conducteur de taxi que nous souhaitons nous rendre à l'aéroport (oui, le vroum-vroum avec les ailes). Une fois les bagages enregistrés, alors que nous nous apprêtons à prendre des photos de yaks qui paissent en bord de piste, je m'aperçois que Louis a oublié son sac à dos et tous ses trésors dans le taxi.

Je hèle une voiture et tente d'expliquer que je souhaite retourner en ville. Où en ville? Trop compliqué à expliquer, je mime le trajet et l'endroit (c'est pas fastoche). Heureusement que j'ai brièvement côtoyé des sourds-muets chez Airbus (pas mes collègues, des vrais sourds et muets). Cela fait bien marrer la chauffeuse de taxi mais au moins cela marche. Une fois sur place, le taxi est invisible.

Un grand moment de solitude quand je dois expliquer à des personnes sur la place que je cherche un chauffeur de taxi qui m'a emmené ce matin à l'aéroport parce que j'ai oublié le sac de mon fils sur la banquette arrière. Soit je suis nul, soit ils n'ont pas assez fréquenté de sourds-muets. Non, je ne veux pas aller au lac gelé. Non, je ne veux pas aller dans la montagne. Non, je ne veux pas voir le monastère. Non, je n'ai pas faim. Non je ne veux pas aller à l'aéroport, enfin si, mais après. Le temps passe et c'est l'impasse. Tout à coup, je crois reconnaître le taxi qui tourne au coin d'une rue et je me mets à courir. C'est effectivement lui et il ne me reconnait pas. Il a conduit un touriste il y a 30 minutes à l'aéroport, il n'y en a pas d'autres en ville réveillés à cette heure! En même temps, cela peut agacer de déposer quelqu'un quelque part et de le retrouver au point de départ qui demande à repartir ! Où est la caméra cachée et l'équipe de Marcel Beliveau?
Je bondis dans le taxi, prends le sac et bondis dans un autre taxi qui m'attend et démarre sur les chapeaux de roues. Un peu à la Jackie Chan (enfin plus Jacky que Jackie).

Doudou est sauvé et le reste du voyage aussi! Le temps est clair, tout va bien.

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Nous embarquons pour Kunming, puis quelques heures plus tard directement pour Guilin, après un déjeuner à l'aéroport pire que ceux dans le bus. Enfin presque directement car l'avion fait une escale inattendue à "Baise", au milieu de nulle part. Enfin, nous ré-embarquons dans la boite d'allumette pour atteindre Guilin.

Du hublot, nous apercevons le paysage inondé de vert. Cela va changer du blanc-bleu-gris que nous avons quitté.

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Enfin, pour le gris ... cela fait une semaine qu'il pleut sur Guilin.

2 mai 2011 1 02 /05 /mai /2011 11:02

Lijiang 

Nous voilà donc arrivés à Lijiang, à 2400 m d'altitude, à la convergence des plateaux du Qinhai-Tibet et du Yunnan-Guizhou, sous le soleil et le ventre désespérément vide. Une petite attente pour le taxi et nous voilà à l’auberge. Il fait frisquet dans les chambres, plus qu’à Dali. Nous avons peu de temps pour trouver quelque chose à manger car j’ai un rendez-vous téléphonique avec Airbus pour discuter de mon retour.

Après avoir errer dans les petites rues de Lijiang sans résultat, nous rentrons déjeuner d’un paquet de gâteaux à l’auberge. C’est la dernière tendance! Nous sommes sur un sale rythme où nous voyageons en bus et en journée et sautons presque systématiquement un repas, visitons une journée, puis reprenons le bus le lendemain. Un petit peu de fatigue commence à se faire sentir.

Pendant mon appel avec Airbus, le temps se met à changer, les nuages s’amoncellent et à la fin de l’entretien, des gouttes s’écrasent sur le PC. Les éléments se mettent à l’unisson de mon humeur: au gris.

Nous décidons tout de même d’aller explorer la ville à la recherche d’une boulangerie pour le petit-déjeuner du lendemain.

Bien que grises et sombres, les rues possèdent un charme indéniable. Etroites, pavées, courbes, basses, brodées de canaux, elles tiennent plus du labyrinthe que les grandes allées de Dali. La vieille ville, classée au patrimoine mondial par l'Unesco, diffère des autres vieilles villes chinoises par son système de courts d'eau, de puits et de petits ponts. On s’imagine facilement quelques centaines d'années en arrière, le sabre à la ceinture, les mains croisées dans le dos, à trainer dans ces ruelles avec les Nakhis, attendant les commerçants empruntant la route à cheval du thé. Enfin, les enfants surtout (ils sont sur une cure de Mulan et de Kung Fu Panda pour leurs dessins animés).

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Lorsque les nuages se lèvent brièvement, on peut apercevoir les collines alentours mais plus les hauts sommets malheureusement.

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Le soir, nous rencontrons une famille de français installés à Singapour qui reviennent du Nord et qui nous préviennent du froid que nous trouverons là-bas. Quel est l’idiot qui a décidé de rendre les bonnets et les gants après la Nouvelle-Zélande?!

La nuit est fraiche et assez courte car il n’y a pas vraiment de rideaux. Comme il fait beau, nous en profitons pour partir de bonne heure à travers la ville. Finalement, c'est aussi joli par beau temps; pas besoin de se geler dans la brume pour apprécier les mystères des cités chinoises!

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Nous progressons vers le parc du bassin du dragon noir, au nord de la ville, pour une longue promenade. Cela va faire du bien parce nous avons l’impression de ne pas avoir marché depuis un bon moment et les enfants ont de l’énergie à revendre (en clair, on ne peut plus les supporter!).

La montagne du dragon de Jade est visible ce matin depuis la ville. C’est la photo à faire dans le Yunnan et les touristes se lèvent malheureusement trop tard pour la faire.

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Nous accélérons le pas pour ne pas manquer la vue depuis le parc et profitons des derniers moments presque sans nuages. En 10 minutes, il se couvre et ne réapparaitra pas de la journée.

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Le parc se révèle très agréable. Il regorge de points de vue sur les bassins, les temples, les ponts, ... Les enfants courent partout avec leurs bâtons-sabres à la main.

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Je me demande si je n'aurais pas pris trop de photos de ce pont quand même!

Les locaux ne payent pas l’entrée et cela donne de la vie au parc qui sinon se remplit de groupes de touristes chinois assez bruyants.

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Non, je vous assure, les enfants posent avec plaisir!

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Sur le retour, nous nous achetons des fraises et des sortes de petites cerises pour le gouter.

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Après le déjeuner et l'école, une petite flemme nous envahit à l'idée de repartir le lendemain vers le Nord et de faire plus tard toute la route inverse vers Kunming en bus. Vu l'état de la route et la taille des couchettes dans les bus, le bus de nuit est une option écartée. Nous nous mettons alors à la recherche d'un avion qui nous ferait gagner du temps, que nous pourrions passer à visiter ou à nous reposer.

Nous profitons de notre soirée pour faire le tour de la ville (je n'ai pas dit que l'on s'était perdu, mais je n'ai pas dit non plus le contraire). Les rues du centre le soir sont bondées, c'est le 1er mai, long weekend de vacances chinoises.

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Mais nous trouvons tout de même quelques endroits calmes pour apprécier l'ambiance des ruelles éclairées de lampions.

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Pour le lendemain, nous n'avons pas obtenu le bus de 8h30 mais celui de 9h30, qui part donc sûrement à 10h. On dirait bien qu'un déjeuner va encore sauter car il y a au moins 5 heures de route pour Zhongdian.

Zhongdian est aujourd'hui plus connue sous le nom de Shangri-La, depuis que le comté a été rebaptisé pour attirer les touristes. Shangri-La est le nom d'un lieu imaginaire décrit dans le roman « Lost Horizon » écrit par James Hilton en 1933. On parle dans ce livre d'un lieu fermé aux extrémités occidentales de l'Himalaya et dans lequel l'on voit de merveilleux paysages, le temps est détendu dans une atmosphère de paix et tranquillité. Lost Horizon narre l'histoire de rescapés d'un accident d'avion qui réussissent à atteindre une lamaserie utopique, appelée « Shangri-La », aux confins du Tibet.

Nous allons voir si nous-aussi pouvons couler des jours heureux dans cet endroit mythique, d'autant que, pour une fois, nous allons y rester plus d'une journée. En plus, pour tourner la page, nous partirons de Shangri-La en avion.