Après avoir quitté les cousines à Koh Phangan, nous avons pris le ferry puis le bus pour Surat Thani. Un très joli bus d’ailleurs, avec plein de fioritures très au goût des enfants.
Notre hôtel combinait plein d’avantages: il se trouvait sur la route de l’aéroport, ce qui veut aussi dire sur une grosse route, et avait une piscine.
La piscine, pleine de feuilles, froide, a amusé les enfants 3 minutes. C’est qu’ils sont devenus difficiles après des vacances de luxe dans les îles! Merci tata Sara!
La proximité de la route et la grande taille de l’hôtel a sûrement aussi joué dans le fait qu’une horde de 70 bikers y a élu domicile. Des Harley de toutes les couleurs, tous motifs, tous modèles, des barbus avec des débardeurs en cuir avec des têtes de mort, des démons enflammés, …, le rêve pour les enfants. Et puis une vraie passion pour la moto qui les pousse à faire chanter la mécanique à toute heure, surtout la nuit, en duo, trio, quatuor, quintet, voir tout l’orchestre quand c’est possible.
Vers 5 heures du matin, après une nuit studieuse, les légères différences du bicylindre en V culbuté sur les différents modèles n’avaient plus de secret pour nous, si bien qu’on pouvait donner l’année, la couleur de la bécane et le poids du conducteur, la forme de la résille de la passagère sans se tromper.
C’est donc avec un petit mal de crâne que nous avons atterri à Bangkok, par une journée particulièrement couverte (pollution et nuages) et chaude. Coup de clim à fond dans le taxi qui se perd, choc thermique lorsque nous foulons enfin le macadam fondant de Chinatown.
Oui, parce que pour s’amuser, nous avons changé de quartier. Nous avons pris un hôtel situé entre Chinatown et le Grand Palais pour pouvoir tout faire à pied. Bon, autant le dire tout de go, le 238 Guesthouse n’est pas à recommander. Il faut supplier pour avoir des draps simples à mettre sur des lits doubles ainsi que pour avoir des chutes de rouleau de papier toilette. Il n’y a pas un endroit où prendre le petit déj avant 8h30 dans tout le quartier, ni pour prendre le dîner le soir. Les chauffeurs de taxi se trompent 3 fois sur 4 quand ils s’y rendent. Et en plus, au lieu de faire tout à pied, comme nous faisions les visites avec Carole, Frank et Axel, on s’est à chaque fois retrouvés dans un taxi pour les rejoindre.
Mais lors de notre arrivée dimanche, nous sommes encore optimistes. Nous posons les valises, et partons à pied pour rejoindre la station de métro se trouvant à 3 kilomètres. Une marche éprouvante mais intéressante, qui nous fait découvrir par exemple l’art de l’épilation du visage au fil coupant en pleine rue. Nous traversons Bangkok vers le nord pour nous rendre au marché de weekend de Chatuchak, le plus grand de Thaïlande.
Des allées au soleil bondées, des ruelles couvertes étroites surbondées. On trouve tout à Chatuchak. Des meubles pour ouvrir un restaurant ou décorer sa maison, des ustensiles de cuisine, des souvenirs pour touristes, des animaux (des écureuils, des lapins, des chats, des coqs, des chiens) et des fringues bien sûr!
Même des fringues pour animaux. Oui, oui, les petites robes là, ce sont pour les chiens.
Une heure de vadrouille achève les enfants. Nous retraversons donc Bangkok en taxi pour rentrer prendre des forces et nous préparer à accueillir nos visiteurs demain.
Nous avons aussi à préparer notre demande de visa chinois. Et là, bizarrement, alors que nous en parlons depuis des mois et que nous avons prévu 4 jours à Bangkok spécialement pour ça, nous nous apercevons que nous n’avons rien préparé: nous n’avons pas rassemblé les papiers et justificatifs nécessaires. Nous remplissons tant bien que mal un exemple de formulaire pour comprendre l’étendue des dégâts. Nous imprimons un billet d’avion pour prouver notre date de sortie. Nous n’avons rien à montrer pour justifier de nos revenus, nous n’avons pas de réservation d’hôtel, pas de preuve d’assurance. Heureusement, en faisant une demande en ligne sur le site de notre assurance rapatriement, ils nous envoient un justificatif dans l’heure. Pour le reste, comme nous ne savons pas à quelle durée de visa nous avons droit, nous ne savons pas quand nous rentrons en Chine donc nous ne pouvons pas réserver d’hôtel. Nous voulons toujours passer 7 semaines en Chine même si tout nous indique que nous n’aurons droit à 4 seulement.
Cela sent le plan foireux à plein nez! Est-ce la peine de tous partir à l’ambassade pour faire choux blancs ou envoie-t-on un seul gogo?
Le lendemain matin, lever aux aurores pour atteindre l’ambassade le plus vite possible avant l’ouverture. C’était sans compter sur le taxi qui fait une boucle par Kuala Lumpur avant de se placer dans un bel embouteillage. 90 minutes plus tard, nous débarquons à l’ambassade, comme des fleurs, au milieu de la cohue. Nous prenons un ticket, remplissons de nouveau les formulaires en laissant des blancs sur les dates, collons nos photos et réalisons qu’il va falloir attendre 2 heures pour déposer le dossier et savoir s'il manque quelque chose. Les enfants ont du mal à patienter sans courir et l’ambiance ne s’y prête pas. Mais si nous nous séparons, nous ne retrouverons jamais (j’aurai dû y réfléchir, on n’a pas 2 fois une opportunité comme celle-là!).
Nous restons donc, pour tenter le coup, convaincus que nous allons juste nous faire rembarrer par l’administration. Des gens veulent nous vendre des réservations d’hôtels et autres accélérateurs de visa. Au pire, nous obtiendrons là des informations sur les pièces à fournir, puis nous reviendrons demain en payant plus pour avoir le visa en 2/3 jours au lieu des 4 jours standard.
La préposée au guichet nous informe finalement que notre maximum sera de 30 jours sur place et que la procédure accélérée est impossible en ce moment. Bon, ben alors on vous laisse nos passeports, nos formulaires, notre assurance et notre billet d’avion et on verra jeudi matin si on a un visa! Bonne chance … C'est l'angoisse.
Un peu cyniques de notre manque de préparation et de notre naïveté, nous nous accordons un nouvel embouteillage pour nous changer les idées.
Ce qui est clair maintenant, c’est que nous n’aurons au mieux droit qu’à 30 jours et que nous pouvons refaire 2 itinéraires pour la suite du voyage.
Pour nous remonter le moral, nous filons (lentement) vers le Platinium, haut lieu de perdition, pour manger au 6ème étage. Les enfants ont même le droit à une crêpe pour changer du Pad Thai.
Puis, nous marchons à travers le centre ville pour aller voir si nos visiteurs dorment ou si le voyage depuis Francfort leur a mis la patate!
Les enfants sont tellement excités qu’ils ne voient même pas Carole et Axel sortir de l’ascenseur!
Il semble qu’Axel soit malade car il est éteint et a mal à la gorge. Les enfants sautent tout de même dans la piscine et, pendant que les dames papotent au bord, les hommes partent à la chasse au billet d’avion.
Nous voilà donc partis avec Frank pour 4 kilomètres de trek en pleine jungle urbaine, 38°C, 100% d’humidité.
Sur le chemin, nous passons devant un ministère qui confirme mes impressions sur le tourisme en Thaïlande, c'est très proche de la boxe thaïe, et c'est fait exprès.
La perle rare à trouver est une échoppe de la compagnie Air Asia, low cost qui fonctionne par internet, et qui nécessite un téléphone portable pour payer en ligne, ce que nous n’avons pas. Après quelques allers-retours sur la fin de parcours, tactique d’encerclement progressif bien connue des chasseurs aguerris, nous débusquons la bête et nous tapissons pour un affût assez long.
Lorsque c’est mon tour, le petit panneau indiquant que les passeports sont nécessaires pour prendre les billets me fait frémir mais, finalement, le fait que nous ayons volé sur leur ligne le jour précédent nous sauve.
A notre sortie, nous assistons à un cours d’aérobic en plein air, sur le trottoir, dans les vapeurs de l’embouteillage. Au frais par 36°C.
Lorsque nous regagnons la chambre, sans nous arrêter en route pour une bière pourtant méritée, Carole est partie pour l’hôpital afin de faire examiner Axel. Ils reviennent 10 minutes après nous, ravis de leur visite éclair et efficace, avec un diagnostic d’angine à streptocoques, et des médicaments en quantité.
Le lendemain, nous optons donc pour une balade facile, une promenade sur les canaux, les khlongs. Pour rejoindre l’embarcadère d’où partent les LongTail boat, nous devons prendre le bateau bus. Nous nous trompons et commençons par prendre le bac pour traverser la rivière. Deux fois, pour revenir au même endroit, puis pour marcher 200 mètres afin de prendre le bon bateau.
4 stations plus bas, nous choisissons une excursion standard (musée des pagodes royales, marché flottant, ferme aux serpents, Wat Arun)et embarquons sur un long tail boat. C'est la joie!
Les petits canaux donnent à voir une vie centrée sur le fleuve, avec des petits paradis luxuriants qui jouxtent des taudis.
Nous commençons par ne pas voir le musée des pagodes royales ni le marché flottant. Nous nous arrêtons en revanche devant un temple pour donner à manger aux poissons. C’est une activité obligatoire.
Puis nous continuons la balade. Tiens ! Le marché flottant!
Ah non!
La ferme aux serpents est une autre étape payante incontournable de l'arnaque, euh, de la balade. Un spectacle qui amuse les enfants pendant lequel un fou énerve 2 cobras avant d'extraire leur venin, agace un serpent rasoir, asticote un python puis nous montre ses dents pointues (faites pour retenir ses proies).
Les enfants peuvent ensuite se balader dans un mini-zoo attristant dans lequel sont retenus des singes (macaques, gibbons), un ours, des tigres, des cerfs, des crocodiles, des serpents bien sûr, des perroquets, des paons, enfin tout et n'importe quoi.
La fin de la balade nous emmène pour une courte escale au Wat Arun, grand temple de style khmer, où nous avons le temps de courir voir un bouddha assis,
C'est ensuite l'embouteillage de bateaux pour regagner l'embarcadère. Même là, on en aura eu.
Après un déjeuner dans une gargote de l'embarcadère, nous rentrons chacun chez nous (certains pour faire la sieste sous prétexte qu'ils sont en vacances, d'autres pour faire l'école).
Nous nous retrouvons ensuite autour de la piscine jusqu'à une heure tardive, qui se trouve être celle à laquelle rentrent les dames après leurs courses en ville.
Un petit tour en taxi nous permettra de retraverser la ville pour aller se faire un embouteillage dans notre quartier.
Le lendemain, comme Axel se sent mieux, c'est le plat de résistance des visites, avec le Grand Palais et le Bouddha couché géant.
Le grand palais date de 1782 et de l'accession au trône du roi Rama I (en ce moment, on en est à Rama IX, plus riche gouvernant du monde avec ses 27 milliards de dollars). Il renfermait les résidences royales, des ministères et le fameux temple du Bouddha d'émeraude (qui est en jade).
Dans la zone du temple pourtant vaste s'imbriquent nombre de chapelles lourdement ornées, dorées, une reproduction du temple d'Ankor, de monastères dont les murs se parent des aventures du Ramakian, autour du temple du bouddha d'émeraude proprement dit. Celui-ci est d'ailleurs assez difficile à repérer tant il est entouré de dorures. On perd vite la vue d'ensemble pour se concentrer sur des détails.
La zone du temple ne représente d'un quart des 200 000 m² du Grand Palais et le reste est constitué de bâtiments marquant plusieurs époques et styles (anglais, français, shan, ...). Peu de salles sont ouvertes à part le musée des armes et la salle de fête du couronnement.
La visite prend malgré tout une matinée entière et se poursuit par celle des temples abritant un Bouddha debout, un assis et le grand Bouddha couché.
Que de Bouddhas en une demi-journée! Une marche au frais par 40°C nous ramène vers une gargote près de l'eau pour nous sustenter avant la sieste (enfin, l'école).
L'après-midi sera consacrée aux achats à faire dans une grande ville (lunettes, maillots de bain, ... à remplacer) et nous profitons même d'être dans les grands magasins pour nous offrir un repas non thaï pour une fois: pizza pour tout le monde dans un restaurant japonais. Tellement bonne cette pizza qu'elle m'a rappelé les pizzas salsiccia qu'on mangeait en Italie il y a 30 ans!
Un petit tour dans les embouteillages pour le plaisir et il faut boucler les valises pour partir demain vers le Nord. En moins d'une semaine à Bangkok, nous aurons passé près d'une journée cumulée dans les embouteillages.
Le lendemain, un taxi enfin pro nous emmène à l'ambassade de Chine en moins de 30 minutes et nous pouvons faire la queue dehors avant l'ouverture, récupérer nos passeports avec un visa dessus en moins de 10 minutes et filer vers la gare pour rejoindre Carole, Frank et Axel afin de prendre le bus de 10 heures pour Sukhothaï.
C'est vite dit comme ça mais j'ai été plus que surpris de retrouver un visa sur notre passeport! Finalement, avec peu de documents, nous avons obtenu notre précieux visa pour la Chine sans soucis.
C'est donc gaiement que nous partons pour 7 heures de bus vers Sukhothaï, et en plus, le bus ne va mettre que 6 heures. Tout est bien qui finit bien!