Après une journée de voyage avec bateau, avion en retard, annulé et avion pas annulé, nous arrivons tard à Kuching, sous la pluie.
Nous avons prévu de rester une dizaine de jours autour de Kuching pour profiter de la ville (on ne sait jamais) et surtout de ses alentours qui permettent de rencontrer rapidement la faune et la flore de Bornéo.
La pluie du soir, cela nous change des Perhentians où nous n'avons connu que le beau temps. Ici, c'est tous les soirs, orage vers 18h-19h. Résultat, pour aller manger, il faut courir pour arriver avant la pluie, courir pour arriver sous la pluie ou courir dans les flaques après la pluie (pour le plaisir).
Ce soir-là, on a couru parce que c'était dimanche soir 22H et que tout allait fermer.
Après l'orage, d'habitude, on récupère le soleil s'il n'est pas trop tard.
Nous logeons dans un petit hôtel pas super, mais qui nous ira pour 3-4 jours. Soit c'est un hôtel de passe, soit les tenanciers sont soucieux d'offrir des solutions pour tous les budgets (comme des chambres à l'heure) et le gîte pour des femmes qui attendraient sinon dans la rue.
Nous commençons par longer le fleuve pour découvrir la ville et faire un peu d'histoire sur l'île de Bornéo, la colonisation Britannique, les conflits avec les gros voisins Indonésiens et Philippins, le rattachement à la Malaisie continentale, l'indépendance récente, ... Les enfants arrivent à faire des liens avec les topos d'il y a 3 ans sur les pays voisins. Comme quoi, ça paye!
Après avoir exploré les bazars chinois et indiens, nous passons à l'office du tourisme où nous apprenons qu'il y a une rafflésie en fleur à Gunung Gading. Nous filons donc illico presto.
La rafflésie est un parasite qui s'installe sur les racines d'une vigne marronnier. OK, C'est aussi la fleur la plus grande du monde puisqu'elle atteint 1m de diamètre. Autre caractéristique, son odeur de viande en décomposition. C'est pas tentant çà?!
Deux heures de route pour atteindre le parc national qui protège cette fleur gigantesque, qui s'épanouit à des endroits et des périodes imprévisibles, pendant une petite semaine, avant de mourir.
La petite marche dans la jungle pour atteindre les fleurs nous met sur les genoux. Nous avons le souffle court au bout de 100 mètres. Cela promet pour la suite. Trop de chaleur et d'humidité.
Le panneau de l'entrée résume l'affaire. Un petit bourgeon sur une racine (un centimètre au bout d'un mois), qui grossit en une boule de 40cm au bout de 8-9 mois, qui s'ouvre en une énorme fleur pendant 4-5 jours, puis qui flétrit et noircit pendant 7 jours.
Nous avons de la chance; le guide est à même de nous montrer dans la jungle une boule qui a 4-5 mois, ainsi qu'une fleur qui commence à flétrir.
Plus loin (trop loin), il nous montre une autre fleur qui a poussé sur la roche (moins grande donc), avec en prime, un bourgeon-boule caché derrière et un lézard, c'est pour moi, cela me fait plaisir!
Cette fleur mesure 70 cm et ne sent pas trop fort (assez peu pour que Louis tienne le temps de la photo).
Après cette petite escapade d'acclimatation à la chaleur étouffante, nous partons le lendemain vers le Nord pour Bako. Nous avons décidé d'y dormir 2 nuits pour profiter du Parc National.
Le parc national de Bako est une presqu'île de 27 km², couleur jade, sur la mer de Chine méridionale, refuge pour une faune et une flore magnifiques.
20 minutes de bateau et on se sent accueilli. La nature, quoi!
Une fois nos affaires déposées dans notre belle chambre de jungle (ventilateur, douche froide partagée avec les moustiques), nous partons pour une première randonnée pour nous dégourdir les jambes.
Des petites erreurs pour cette première balade.
D'abord, le choix des chaussures car nous partons trop vite sans les chaussures de marche. Sur le début du parcours, c'est sans problème; nous croisons des cochons sauvages barbus et le terrain est non accidenté.
Puis cela monte dans les roches, les lianes, les pentes touffues. Nous passons trop de temps à regarder nos pieds pour profiter du chemin. Dès que nous nous arrêtons, nous nous faisons attaquer les pieds par les fourmis (très voraces).
Le choix de la randonnée n'est pas le meilleur non plus car elle se révèle trapue, essouflante et décourageante. Sur le retour, Louis glisse et se raccroche à une liane. Grosse erreur de débutant. Ici les lianes se défendent et il se retrouve avec les doigts en sang et pleins d'épines. Les arbres n'offrent pas non plus de prise rassurante.
Nous profitons tout de même de cette première journée pour découvrir les habitants principaux de la presqu'île de Bako.
Il y a bien sûr des civettes, des chats sauvages, des loris lents, etc, que nous n'avons aucune chance de voir car ils se cachent. Il y a aussi des macaques à longue queue et des Silver Leaf (comme ceux des Perhentians), les écureuils, les lémuriens volants, les varans de mangrove, etc.
Mais la vraie star de Bako, c'est sans conteste le singe nasique!
Le singe nasique, dont on reconnaît le mâle à son gros nez et à son gros ventre.
Il ne se cache pas vraiment, il se déplace principalement en se balançant à la cime des grands arbres mais peut sauter et courir à terre. C'est assez fascinant de se tenir dans la jungle, d'entendre les singes arriver en entendant les arbres craquer, de voir les feuillages s'agiter puis de les découvrir.
La femelle a un nez plus délicat.
Evidemment, nous faisons des centaines de photos et de films!
Le soir, après l'orage, les singes vont sur la plage à marée basse pour chercher les crabes.
Ce ne sont pas les seuls qui sortent le soir!
Une petite expédition de nuit dans la jungle nous permet de côtoyer d'autres amis de la nature.
Tout d'abord les crotales: ceux qui restent au-dessus de nos têtes (jaune et vert, la pit viper qui décimait les GI au Vietnam dans les tunnels) et ceux qui se tiennent à mi-hauteur, au niveau des chevilles (vert plus vif).
Bon, ben le crotale, si tu lui passes sous le nez, il s'offusque, il se met en S pour se préparer à jaillir, il agite la queue et il prend de l'information avec la langue.
Comme tous les crotales!
Bon, nous, cela nous a calmés sur les randonnées de nuit parce que même de jour, ils sont invisibles.
Sinon, on croise d'autres bêtes venimeuses comme la tarentule ou la scolopendre de 20 cm.
Et, si on a de la chance, on peut aussi croiser des grenouilles et des tortues, et, bizarrement, elles ne sont pas toutes venimeuses!
Mais ce qui faisait peur aux enfants, c'était de croiser un chat sauvage. Heureusement c'est rare.
Le lendemain, pour la journée complète, nous offrons aux enfants le choix de la randonnée. Soit une randonnée de 3h vers une plage où on peut se baigner avec les raies, les poissons-chats agressifs et les méduses, soit une randonnée de 5h vers une petite cascade où on peut se baigner avec des amibes.
La cascade? Oui, c'est bien.
Cette fois, chaussures de rando, prêts pour le défi contre la jungle, 5 litres d'eau, et le PC et tout l'électronique parce qu'on ne peut pas les laisser dans la chambre.
En passant, nous photographions les jolies plantes.
Carnivores, oui, sinon, ce ne serait pas la jungle.
Nous arrivons enfin à la cascade, pas bien grande, mais qui offre un super cadre de jeux.
Une super rando en somme, presqu'un sans-faute si on ne compte pas la glissade de Virginie dans la cascade au moment du départ qui lui a valu de mouiller toutes ses affaires et de finir la rando en maillot de bain et chaussures mouillées. Une journée mémorable en tous cas.
Le lendemain, avant de repartir, nous avons quand même été à une des plages.
Pas pour se baigner mais pour jouer dans les rochers et dans les lianes.
Version Tarzan ou balançoire, les deux marchent aussi bien.
C'est une belle balade aussi et nous avons quitté le parc complètement ravis de cette première étape de jungle!
Petites nuits chaudes, grosses journées chaudes, mais nous allons pouvoir nous reposer à Kuching où nous avons loué un appartement.
C'est déjà la fin de la deuxième semaine.